Des nouvelles de Barcelone
En attendant le retour des choses sérieuses (Sao Paulo et Rio de Janeiro dès janvier), je suis allé pour vous m’encatalaner quelques jours à Barcelone.
Les logements dans le barrio gotico sont légion et idéalement situés mais pas toujours top. J’en ai fait l’amère expérience en me retrouvant dans une petite chambre juste au-dessus d’une gigantesque bouche d’aération d’un restaurant qui, H24, faisait un ramdam de tous les diables. Bref, à 5 heures du matin, j’étais encore en train d’essayer de trouver le sommeil, malgré la dose de cheval de somnifère, les bouchons d’oreille et le double oreiller de chaque côté. Le propriétaire m’a ensuite prétendu que je mentais : selon lui, la soufflerie s’était arrêtée à 1h du matin. L’un de nous deux a donc clairement un problème d’audition.
Mes problèmes de mémoire ne s’arrangent pas. Ai-je déjà visité cette 456e maison de Gaudi ? Aucune idée. Pourtant, c’est pas le genre d’edificio qui laisse indifférent. Ce qui me permet de caser ici une de mes anecdotes « signature » qui n’a d’ailleurs strictement rien à voir avec Barcelone mais ici c’est moi qui décide. Il y a plus de trente ans, avec Odile, Maryse et Richard, on avait fait notre premier trip en Thaïlande. Après quelques jours de trek épuisant dans la forêt, j’avais décliné la dernière partie du voyage : visiter le fantastique site archéologique d’Ayuttaya (au profit d’un spa et d’un hôtel tout confort). Richard m’avait copieusement allumé dans les années qui ont suivi, en soulignant mon sens avisé des priorités. Des années plus tard, bien décidé à enfin laver l’affront, j’avais fait le déplacement depuis Bangkok (500 bornes quand même) pour ENFIN aller visiter Ayuttaya. Et me rendre compte, une fois sur place, que j’étais DÉJÀ venu, lors d’un voyage précédent, réparer cette erreur pour laquelle je m’étais tellement fait chambrer. En clair, j’avais tellement culpabilisé de ne pas y être allé que j’étais déjà venu avant de décider d’y aller. Mais l’histoire ne s’arrête pas là : je lis dans le guide qu’il y a, 200 km plus loin, un autre site, plus confidentiel mais encore plus extraordinaire. Tant qu’à faire, allons-y… pour me rendre compte, là aussi, que j’avais DÉJÀ fait la même visite dans cet endroit tellement « confidentiel et extraordinaire » que j’avais oublié y être déjà allé quelques années auparavant !
Alessandro relève ce détail amusant de la loi espagnole : « tu peux te balader totalement à poil dans la rue, par contre il est strictement interdit de se promener torse nu sans t-shirt ! »
Un coiffeur qui propose des SPORTS CUTS (coups de sportifs). Toi aussi, tu aimerais être mal coiffé comme un footballeur du Barça ?
L’avantage, quand on est déjà venu, c’est de pouvoir s’écarter des évidences (Sagrada Familia, les maisons toute molles et folles de Gaudi…) pour pouvoir aller se balader dans les rues d’a côté et découvrir mille splendeurs architecturales. C’est quand même la seule ville du monde à s’être vue décerner la médaille du Royal Institute of British Architects , distinction qui n’est remise qu’à des êtres humains.
A l’hôtel, je bosse un peu sur la terrasse. Une accorte jeune femme m’interpelle : « dis donc, tu aimes la solitude, toi ? » Je résiste à cette charmante invitation à aller papoter, arguant d’un travail urgent à rendre. Deux secondes après, son mari très musclé et son gamin très turbulent la rejoignent. Ouf.
Décider que tu en as marre de marcher.
Sauter dans le premier bus qui vient.
Valider ton titre de transport.
Et là, juste après, te faire jeter dehors du bus parce que tu n’as pas de masque.
Vu sur la devanture d’un magasin : « ici, vous pouvez envoyer N’IMPORTE QUOI au Pérou ! »
Quelques funfacts :
le musée le plus visité ici est celui… du FC Barcelone (Joan Miro est donc un gros loser. Il était d’ailleurs notoirement incapable de dribbler correctement…)
La Sagrada Familia a mis plus de temps à être érigée (140 ans et c’est toujours pas fini) que les grandes pyramides d’Egypte (20 ans à tout péter)
Les jolies plages dont la ville est si fière sont en fait artificielles et ont été aménagées pour les JO de 1992 (avant-hier, disons)
Suite à un concours de circonstances, la réservation qu’on avait au restaurant n’a pas eu lieu. Nous voilà donc, avec Rocio et Miguel, dans un restaurant italien. Mais oui, je sais, on a été nuls sur le coup. Bon, vous me direz, c’est difficile de mal manger dans un restaurant italien. Eh bien nous avons pourtant réalisé cet exploit pour vous. Le pesto rosso n’en avait que le nom et certainement pas la couleur. Le vitello tonato était un carpaccio de boeuf. La calzone n’était pas fermée mais ouverte (et son contenu n’inspirait guère confiance). Les pâtes aux SEPT (!!) fromages - pourquoi pas 38, je vous le demande bien - contenaient des morceaux de POIRE et des bouts de framboise qui étaient en fait des œufs de lompe. Bref c’était catastrophique d’un bout à l’autre. Mais nous sommes toujours amis.
Rocio et Miguel, toujours eux, me l’ont d’ailleurs prouvé. Je leur avais raconté mon émotion d’avoir vu, à vingt ans d’écart et dans deux musées différents (Amsterdam et Barcelone) le même tableau de Picasso que j’adore. Tableau qu’ils se sont empressés de me photographier le lendemain pour me rassurer sur sa chaleureuse présence.
Un dernier coup de chaud : en checkant le site de l’aéroport de Barcelone, mon vol de retour avait disparu. Punaise, je fais quoi, moi ? Je me mets au catalan intensif ? Jusqu’à ce que je me rende compte que j’avais confondu llegadas (arrivées) et salidas (départs). Apprendre les langues c’est parfois mauvais pour la pression artérielle. #CrétinoGrosso
Mais que fera-t-on lorsque tu seras cloué dans ta chaise roulante qui ne roulera pas ? Il nous restera les yeux pour pleurer, mais je préfère pleurer de rire en lisant tes exploits ;-) Tu es le Michelin de l’inutile nécessité, le Gault-et-Millaut du futile essentiel !