DES NOUVELLES DE BUENOS AIRES #1
Cela faisait six ans que je rêvais de revenir vivre dans la cité portègne. Pendant que vous mangez des cailloux par moins 12 degrés, moi je reprends une boule de dulce de leche. En short.
Lorsque je suis venu une première fois à Buenos Aires, les premières semaines, j’ai cherché LA viande idéale, celle qui justifierait tout mon voyage. J’étais chaque fois déçu. Et puis, un jour, dans un restaurant près de la Plaza de Mayo, j’ai commandé un asado de tira. C’est comme des petites côtes, des spareribs, sauf que c’est du bœuf et pas du porc. En anglais crosscut ribs. Miracle : le ciel s’est ouvert et je suis redevenu catholique. J’ai tellement aimé le plat que je l’ai pris en photo et que je suis retourné plusieurs fois dans le même restaurant.
Fast forward de six ans. Ces dernières semaines, en me préparant à retrouver cette belle ville, je fantasmais sur le fait de retrouver ce restaurant. Je savais vaguement où il était et j’ai passé des heures sur Google Street View, rue après rue, pour essayer de trouver le restaurant. Sans succès.
Sauf que Sergio m’a expliqué que sur chaque photo, il y avait une géolocalisation assez précise. Genre au mètre près. Ce qui m’a permis assez rapidement de savoir que la photo avait été prise au 875 de l’avenida reconquista. Hop, y avait plus qu’à retourner sur Street View…
Début du parcours santé. Règle numéro un : éviter le dulce de leche. Dans tous les glaciers, il y a un panneau avec deux colonnes : les goûts dulce de leche et les autres. Ça me rappelle mon passage à la rédaction du journal Le Soir où, en interne, le sport était divisé en deux dénominations : « le foot et le non-foot ».
Un gars publie des affiches pour expliquer qu’il est le « meilleur parlementaire 2024 ». Juste, il n’explique pas les critères qui l’ont conduit à s’autoproclamer de la sorte. Mais c’est pas grave : il a une bonne tête, votez pour lui.
Au supermarché, une dame avec une liste de courses (imprimée) pour un repas de Noël. En bas de la feuille, en gros caractères : « sans oublier évidemment la présence de Jésus ! » Il n’était pas précisé sur la feuille si le Jésus en question se vend en tranches ou au kilo.
Visite guidée passionnante au Congrès, théâtre de tant de soubresauts dans l’histoire moderne du pays. Avec des détails cocasses : un député ou sénateur est réputé présent s’il s’est ASSIS sur son siège (le poids est détecté à partir de 40 kg, ce qui signifie qu’un enfant anorexique ne pourrait pas devenir député en Argentine) et s’il a mis un doigt dans le détecteur d’empreinte digitale installé sur son bureau.
Tiens, rions un peu en achetant de l’alcool dans un supermarché. Et comparons.
Aux États-Unis : il faut prouver, document à l’appui, qu’on a 21 ans, même si on en a 60 et que ça se voit.
En Belgique : merci de bien vouloir cliquer sur OUI pour prouver que vous avez 18 ans.
En Argentine : euh… rien, en fait…
L’Ecoparque est un concept assez unique. L’ancien zoo de la ville a été rafistolé en parc écologique. Il reste quelques animaux mais c’est pas très clair lesquels ni où. Et donc on reste pendant 10 minutes devant un aquarium en attendant de voir si quelque chose va surgir : un poisson, un hippopotame ou (bien souvent) rien ? Parfois, les animaux sont remplacés par d’amusantes expériences immersives du genre « toi aussi survole la pampa comme si tu étais un condor ». Bref, c’est un peu foireux mais nice try quand même.
Le monde amusant des mots espagnols qui ne veulent pas dire la même chose selon les pays. Aujourd’hui : VIANDA. Equateur : du vomi. Argentine : boîte à tartines. Cuba (viandas) : légumes (eh oui). Castillan : chair, aliment, sandwich. Catalan : déjeûner. Enfin, ce mot s'emploie aussi pour désigner du Flamby !
Augustin fait des études de... journaliste sportif : trois ans d’étude. Je ne crois pas que cela existe chez nous.
Le marché de Noël en plein été, c’est quelque chose. Ici, on échappe au vin chaud, la part de raclette, les beignets et autres joyeusetés qui font vomir. Ici, tout le monde est en short, maté à la main (obligé) et participe à une série d’activités familiales ultra-populaires comme des tas de chateaux gonflables (avec jusqu’à 90 minutes d’attente, ce qui ne fait peur à personne), courses d’obstacles, selfie avec le père Noël, distribution de Pampers (si, si), arrivée d’un autre Père Noël (quoi ? ils sont plusieurs ?) en voiture décapotable sous les vivats de la foule… Très dépaysant.
Au même endroit, j’écoute distraitement un orchestre entonner un hommage à Sinatra. « Et maintenant nous allons vous interpréter a mi manera ! » Euuuuuh… ah oui ok : my way !
AAAAAH, Le bonheur des traductions approximatives. Une dame avec un t-shirt MERCY MON CHÉRI. Ce qui signifie donc PITIÉ, MON CHÉRI !
Marc m'écrit : "Tant que tu es dans l'hémisphère sud, tu peux vérifier si c'est vrai que quand tu vides une baignoire, l’eau tourne dans l'autre sens ? Et, également, c'est vrai que les étoiles dans le ciel ne correspondent pas à celles qu'on voit ici ? (Tu as raison, il faudrait que je voyage moi-même...)" Alors Marc, commençons par les étoiles, ça va aller vite : 1/ je suis en ville et donc à part un gros halo jaunasse (l'éclairage public), je ne vois pas grand-chose d'autre. 2/ Déjà chez nous, je suis incapable de te dire quelle étoile se trouve où, et donc y a pas marqué astronome ici parce que j'ai fait 12 heures d'avion, hein.
Pour l'autre sujet (le siphon) : le problème c'est qu’AUCUN des évier/lavabo/baignoire n'a de bouchon, ici dans mon appart. Mais bon, ne reculant devant rien pour faire plaisir à Marc, j'ai bloqué le bidet et le lavabo avec ma main. Résultat : sur deux essais, 100% des écoulements se sont produits dans le sens contraire des aiguilles d'une montre. Mais un site australien, qui sait donc de quoi il parle, LUI, explique que l'idée selon laquelle l’eau tournerait dans un sens particulier lorsque vous vous trouvez dans l’hémisphère sud ou dans l’hémisphère nord est une idée (presque) fausse.
En effet, le sens d’écoulement de l’eau dépend avant tout des facteurs extérieurs : la forme de votre robinet, la manière dont vous retirez votre bouchon, l’agitation de l’eau, l’air extérieur, la température de l’eau, etc. Si par exemple vous plongez la main dans votre robinet d’eau pour retirer le bouchon, vous imprimez déjà, sans le vouloir, un mouvement dans l’eau qui va induire un sens de rotation et s’amplifier lorsque le liquide s’écoulera. En clair, Marc : la rotation de l’eau dépendra surtout de ton lavabo…
Petite blague du guide au cimetière de la Recoleta : « Bon, on papote, on papote mais il faut que je vous amène chez Eva Peron. Cela dit, huhu, elle n’a pas vraiment de rendez-vous urgent cet après-midi, huhu. »
Discussion avec H. pour savoir si on va dans un restaurant de viande ou alors végétarien.
— Je : Ah bien tiens végétarien, ça me changera de la barbaque.
— Lui : ah oui mais en fait je ne connais pas de restaurant végétarien. Allons plutôt manger de la viande !
— Je : 🤷♂️…
Ouuuuuuh mais c’est dangereux comme ville.
Ouuuulààà mais ne va surtout pas dans tel quartier la nuit.
Ni le jour, d’ailleurs.
En fait, reste enfermé chez toi, ce sera plus sûr.
Et cache ton argent dans un vieux carton de lait dans le frigo.
Et surtout, mais alors surtout, n’exhibe jamais ton smartphone, surtout dans le métro où les pickpockets ne feront qu’une bouchée de toi.
Etc.
C’est donc terrifié, mais ayant décidé de prendre le mal par la racine, que je décide de PRENDRE LE MÉTRO (oui, je sais, je suis trop wild dans ma tête). J’ai, par précaution, bien planqué mon iPhone dans mon rectum. Je sue à grosses gouttes (c’est volumineux un iPhone), Dans le métro, je suis entouré d’un million d’inconscients qui exhibent leur iPhone, à la merci du premier gangster venu. M’ENFIN LES GARS VOUS ÊTES FOUS ? PLANQUEZ IMMÉDIATEMENT VOTRE IPHONE DANS VOTRE RECTUM !!!
Un post pour les très très vieux pour terminer. Horacio est musicien. Il a joué avec des grosses pointures (dont Robert Fripp) et il anime le groupe Genetics, un des meilleurs cover bands de Genesis (instagram.com/genetics_genesis/). Le groupe est tellement bon qu’il tourne régulièrement avec Steve Hackett, le guitariste original du célèbre groupe anglais. En insistant un peu, j’ai pu assister à une répétition du groupe. Je sais, ça vous indiffère totalement et c’est bien trop compliqué comme musique pour vos jeunes oreilles. Mais moi, rien que cette soirée, ça justifie mon déplacement. On se quitte donc avec Genetics, live from Argentina. Con mucho amor (vous avez remarqué : pas encore un seul mot sur le tango depuis que je suis arrivé).
Ah 4:45 ! Le très beau solo de guitare
Ravie de lire ta nouvelle ré-aventure. Bises