DES NOUVELLES DE CHICAGO #1
Ma rue, North Francisco, fait 17,7 km de long. 3h56 à pied. Et après, ça continue mais elle s’appelle... South Francisco. Je vous laisse mesurer le deuxième bout.
Dans l’avion, l’hôtesse distribue d’élégantes galettes couleur caramel. « Qui veut des Biscoff ? Un Biscoff, monsieur ? » Et moi je dois me retenir de lui dire qu’en fait, Kimberley, eh bien ce sont des spay-kiou-lauz et c’est un biscuit belge, you know. #ToutLeMondeSenFoutEnFait
Il y a du wifi dans l’avion. Un Boeing 737. Cool, je vais lire le journal. C’est quoi les nouvelles, padam padam pom pom p…
Pas grave : puisqu’il y a du wifi, si jamais j’ai un souci mécanique, je pourrai toujours envoyer un mail. Voyons quels sont les réseaux disponibles dans cet av…
Je vis dans un quartier résidentiel pareil à plein d’autres quartiers résidentiels. Les mêmes maisons, les mêmes parcelles qui font exactement la même taille, les mêmes rues tracées au cordeau, les mêmes drapeaux américains pendant sous les mêmes porches “plaqué bois véritable”… Cela étant, pour venir me voir, c’est assez simple en fait : prenez la 2 456e à droite (pas se tromper hein) et continuez pendant quelques centaines de km. Ensuite, prenez la 764e à gauche et vous y êtes. Il y a un petit jardin devant, c’est assez facile à reconnaître.
Le parking ici est tellement cher que Paul utilise SpotHero, une app qui met en concurrence tous les parkings. Une sorte de eDreams pour le stationnement.
Il y a une série incroyable de trucs qui ont été inventés ici à Chicago : le hot dog, la fermeture éclair, la Ferris Wheel (la grande roue), la banque du sang, la bombe de peinture, les wagons-lits (eh oui, Monsieur Pullman était d’ici), l’autoradio, le lave-vaisselle, le fil barbelé, le flipper, la télécommande, les séries télé (soap opera), l’aspirateur, le téléphone mobile…
Ces dernières années, je crois avoir parlé davantage espagnol que anglais dans mes diverses pérégrinations. Je ne l’ai pas fait exprès, mais je vais faire mes courses en espagnol dans un supermarché mexicain.
Le fondateur de Chicago s’appelle Jean-Baptiste Pointe Dusable. En fait, la rumeur prétend qu’il était plagiste à Blankenberge. Et puis il en a eu marre et alors il s’est cassé pour fonder une ville, super loin. Il est considéré comme « the first non native settler ». Maintenant, son fortin est devenu… l’Apple Store😅.
Je fais donc la connaissance de Paul Van Halteren. Ce Bruxellois habite ici depuis 35 ans et a autant de cartes de visites que de doigts : il est agent de voyages, décorateur de jardins et de terrasses, restaurateur à domicile et, surtout, consul honoraire de Belgique depuis une vingtaine d’années. Paul regorge d’énergie dès qu’il s’agit de faire la promo de — au choix — un footballeur belge engagé par une équipe locale, le prochain Belge inscrit à l’Eurovision, la gastronomie belge… Il en fait tellement pour mon royaume que j’ai même rêvé de lui. Il avait monté une sorte d’Epcot bruxellois (Epcot, c’est ce parc Disney en Floride qui propose des immersions plus vraies que nature en Chine, en Italie, au Japon, au Maroc…). Dans mon rêve, Paul râlait parce qu’aucun visiteur ne voulait aller visiter la partie du parc consacrée à Berchem Ste Agathe.
Il est temps que j’explique la raison de ma venue ici. Pour mes 50 ans, je me suis fait tatouer la phrase LESS IS MORE avec l’écriture d’un ami qui était décédé trente ans avant. L’auteur de ma devise, c’est Mies Van Der Rohe, un des créateurs du mouvement Bauhaus qui a fui l’Allemagne nazie pour s’installer ici à Chicago. On lui doit bon nombre de bâtiments emblématiques ici aux USA (que je n’adore pas, c’est beaucoup trop austère à mon goût).
Mais donc, je suis venu ici à cause de
la phrase de Mies Van Der Rohe (davantage que pour ses créations)
l’architecture qui est ici spectaculaire (sauf celle de Mies Van Der Rohe)
la musique (le blues, le jazz)
C’est déjà pas mal comme liste de raisons…
Dans les années 1830, jusqu’à un quart de la population locale mourra du choléra. Ce qui poussa les autorités locales à faire deux trucs : obliger tous les hommes adultes à nettoyer les rues durant trois jours consécutifs (sous peine d’amende) et être assez créatives pour créer un réseau convenable d’égouttage.
Lu dans le journal. Des coups de feu lors d’un combat de pistolets à eau aux Etats-Unis. Cinq blessés.
Réponse du quiz sur les igloos : ce sont les salt domes de l’Illinois Department of Transportation. On en trouve un peu partout. Ici, ça rigole pas avec le sel. Il faut dire que dans le genre climat ingrat, l’état est assez bien servi. Et donc, chacun de ces cuberdons peut contenir jusqu’à 19 000 tonnes de sel permettant de déneiger, dégivrer, ou tout autre mot en dé- impliquant du froid, du mauvais temps et de la mauvaise humeur.
Ici, j’ai pu commander un espresso au Starbucks sans quitter mon vélo, dans un drive-in pour piétons et cyclistes. Dans le même genre, j’ai vu un drive-in pour retirer de l’argent au distributeur. Sans descendre de voiture. Moi je dis merci la vie, le progrès n’est pas un vain mot.
A part ce malheureux incident, le Art Institute of Chicago est l’un des musées à la déambulation la plus compliquée que j’aie jamais visité. Mais ça vaut vraiment la peine de s’y perdre… Voici un florilège de ce qu’on y trouve.
Je suis dans un pub en train de luncher. Un type arrive, commande un cocktail, paie et ressort avec son cocktail dans un gobelet et une paille. J’interroge Julia, la serveuse, en lui demandant dans quel film c’est plus chouette de consommer sa boisson en marchant plutôt qu’en s’asseyant, peinard… Elle attribue ce fléau à ce qu’elle appelle les Starbucks People (ici, tous les gens marchent dans la rue avec un gobelet de l’envahissante marque créée en 1971 à Seattle).
Et à propos de boissons, j’avais oublié cette particularité locale. Même si vous avez 60 000 ans comme moi, vous devrez montrer votre carte d’identité au magasin pour pouvoir acheter de l’alcool.
Allez, je bois un coup (après avoir montré mon ID, je vous rassure) et on se retrouve un de ces quatre pour la suite de mes péripéties chicagolaises.
Echt tof!