DES NOUVELLES DE CHICAGO #3
Comme le dit mon hôte David : "Chicago c’est la plus belle ville du monde où vivre pendant trois saisons. Et ensuite arrive l’hiver…"
Il existe ici une très sérieuse Hamburger University, un centre de formation de Mc Donald’s dont le siège mondial — j’ai trop de chance — est situé à Chicago. Ce Guantanamacdo vous apprend donc à empoisonner efficacement les enfants. Il y a évidemment un terrain de torture (un MacDo, quoi) au pied de l’imposant édifice. Qui, pour l’anecdote, sert chaque mois des spécialités locales qu’on trouve dans ses restaurants en Grèce, au Brésil, en Corée…
Une plaisanterie qui circule chez les responsables de la ville : « Le service des pompiers de Chicago est si efficace qu’il lance l’alerte avant même que vous n’ayez commencé à allumer le feu ».
A propos de feu, la légende veut que ce soit une vache qui ait provoqué le grand incendie de 1871 en renversant une lanterne. 300 morts quand même, 18 000 bâtiments détruits. Il a fallu attendre 1997 pour qu’un arrêt municipal pardonne officiellement la vache et sa fermière.
Le stade de Wrigley Fields abrite les Chicago Cubs, les héros locaux du base-ball (ce truc soporifique et incompréhensible mais bon, chacun son kif je suppose, il y en a bien qui aiment le tricot). Pour mettre un terme au sournois business des voisins du stade, qui faisaient payer cher et vilain l’accès à leurs terrasses et toitures pour mater les matches, l’actionnaire du club a racheté la plupart des buildings en question. Un seul a refusé de vendre et a continué à narguer les Cubs. Pas grave : le stade a installé un panneau publicitaire juste où il fallait pour masquer la vue des resquilleurs.
Les langues de vipères locales prétendent que l’appellation Windy City n’a rien à voir avec la météo locale mais avec la propension des habitants à expliquer que leur ville est plus grande, plus belle et plus intelligente que New-York City. Bref, eux aussi produisent beaucoup d’air chaud… et de vent !
Je vais dans une fête organisée par des auteurs de BD underground ici à Chicago. Je sympathise avec un barbu. Voici notre conversation...
lui : donne-moi ton adresse, je vais t’écrire.
moi : tu veux dire mon email ?
lui : non, ton adresse PHYSIQUE. Moi, je me méfie des Google, Whatsapp et consorts… Ces gens nous espionnent…
moi : (soupir, encore un) bon, voilà mon adresse physique. Mais je te préviens : ça va arriver chez des amis, qui vont ouvrir le courrier et vont me l’envoyer. Par mail, Google, Whatsapp, etc… Donc, retour à la case départ !
(il réfléchit de longues secondes...)
lui : comment s’appellent tes amis ?
moi : Sandra et Olivier.
lui : Ok. Eh bien donc je vais leur écrire un truc à eux aussi. Comme ça, au moins une partie de cette conversation restera confidentielle !
L’oiseau national des Etats-Unis, c’est le bald eagle (pygargue à tête blanche), tout le monde sait cela. Ce qu’on sait moins, c’est ce que ça a failli être le dindon. Benjamin Franklin, l’un des founding fathers, considérait que le dindon était plus respectable et courageux que l’aigle « qui, lui, se nourrit de poisson mort et vole les autres oiseaux ». Mais finalement non.
Dans un taxi collectif (avec plusieurs passagers — et dans ce cas, passagères — allant à différents endroits), le chauffeur Paul change soudain la chanson qui passe à la radio : « Oooops, il y a des gros mots dans celle-ci ».
Dans le joyeux patrimoine mafieux de Chicago, je découvre l’existence de cette charmante courtoisie appelée sicilian necktie (la cravate sicilienne). Il s’agissait d’une croquignolette méthode d'assassinat utilisée par Cosa Nostra pour "envoyer un message", qui consistait à trancher la gorge de la victime et à lui faire sortir la langue par le trou. C’est moins pratiqué de nos jours.
Une histoire de serendipité. Je lis Ma soeur est morte à Chicago*, de Naomi Hirahara, roman mi-historique/mi polar, sur la maltraitance infligée aux Nippo-Américains pendant la Deuxième Guerre mondiale. Dans le livre, on parle de l’Aragon, une salle de bal (que je ne connais pas). Je lis ce passage dans un parc au soleil. Et puis je reprends mon vélo et je me perds un peu, comme chaque fois que je fais du vélo. Et bien évidemment je tombe par hasard sur la salle de spectacle en question, dans un quartier où je n’ai jamais mis les roues.
(*Non, pas MA soeur, hein, SA sœur, mon nom de famille n’est pas Hirahara, que je sache).
Attention, dossier ultra sensible. Il semblerait qu’il y ait une loi non-écrite ici qui interdit de mettre du ketchup sur son hot-dog.
Beaucoup diront que c'est parce que le goût sucré du ketchup étouffe la saveur d'un bon hot-dog, mais ce sera vrai, que vous soyez à Chicago ou ailleurs.
Une autre théorie veut qu'au début du baseball, les vendeurs de hot-dogs ne proposaient que de la moutarde parce que le ketchup sucré attirait les mouches. Sauf qu’à nouveau c’est valable ailleurs qu’au Wrigley Field ou au Comiskey Park.
Jimmy Faruggia, qui a ouvert son resto en 1954, pensait que le ketchup était utilisé pour masquer le goût de viande avariée. Il soutenait que ses hot-dogs à lui étaient trop frais pour devoir être couverts de cette mélasse rouge. Comme le disent les inscriptions chez Jimmy's : ne posez même pas la question !
Un journaliste gastronomique a émis quant à lui l’idée que le ketchup ne fait que reproduire le goût combiné des sept garnitures déjà présentes sur un hot-dog Chicago-style : moutarde, relish sucré, oignon, tomate, cornichon, poivrons et sel de céleri. Et donc pas besoin.
Enfin, comme l’a dit Mike Royko, un éditorialiste local, « Je ne condamnerai personne pour avoir mis du ketchup sur un hot-dog. Si quelqu'un veut manger cet horrible truc, c'est son droit. C'est également son droit d’y rajouter de la mayo, du chocolat fondu, des rognures d'ongles ou des poils de chat. Bien sûr, ce serait dégoûtant et pervers. Mais notre système de gouvernement permet aux gens de se comporter comme des barbares. »
Chaz est réparateur pour Divvy, une compagnie de vélos en libre service (l’équivalent des Velib ou Villo chez nous). Le voilà devant une ligne de 25 vélos. Lorsque, soudain, l’un d’eux fait ding ding, indiquant à Chazz celui qu’il doit venir réparer. Je lui explique que c’est un petit peu comme dans les films US : les bad guys se faisaient toujours appeler dans une cabine téléphonique vide. Malheureusement ça a disparu. Mais j’y songe : peut-être que Chaz est un bad guy ?
Dans le quartier gay (Boystown) il y a une pharmacie qui s’appelle OUT OF THE CLOSET.🤭
Dans le métro, une dame âgée avec un t-shirt Echo & The Bunnymen… Hum… Are we that old ? Je partage cette angoissante pensée avec ma sœur qui me répond : “Non tkt, c'est sûrement la maman d'un des membres du groupe”. Ouf alors.
Allez, cool, encore tout le mois de juin à profiter de cette fantastique ville qui se réchauffe de jour en jour ! A la prochaine, friends…
Wrigley Field est aussi l’adresse donnée par les Blues Brothers aux flics et aux nazis qui les pourchassent ^_^
Pleasure pic: de fait ils sont puritains et très prudes mais complètement obsédés e.g. hyper-sexualisation des jeunes filles , trop contents de pouvoir conduire à 16 ans pour pouvoir s’envoyer en l’aire sur le siège arrière , …