DES NOUVELLES DE CHICAGO #4
Mon chauffeur de taxi parle comme Borat. Même pays, même accent, même broken english… J’ai presque envie de lui demander s’il veut du sexy time avec moi.
Le digestif local de Chicago s’appelle le Malört. Un mix improbable entre le génépi et le vernis que nos parents nous imposaient pour empêcher de nous ronger les ongles, vous vous souvenez ? Bref, c’est infâme. Le plus rigolo, c’est que tout le monde ici te prévient : « Tu vas voir, haha, c’est dégueulasse. » Mais tout le monde en a chez lui. David prétend que ça goûte le pamplemousse. Je trouve cette affirmation totalement pamplemoussophobe.
Dans les années 20, en pleine prohibition, un immigrant suédois du nom de Carl Jeppson est arrivé à convaincre les autorités que son breuvage avait tellement mauvais goût que c’était évidemment un médicament, et non un alcool.

Un article en ligne décrit le Malört comme « un mélange de restes de taille-crayon, de rouille de bagnole, d’un zeste de citron et de cérumen. » Je vous sens convaincus. Je vous en ramène ?
Dans le bus entre Chicago et Springboro, Ohio, une nana apparemment affamée demande au chauffeur quand il y aura un stop pour acheter à manger. « No stop, Ma’m ! » Moi, bon samaritain, je lui propose ma pomme, à savoir 100% de mes réserves pour le voyage. Elle me répond : « Nan, ça va aller, merci, j’ai ce qu’il faut. » Finalement, il y a quand même un pit-stop pour acheter des merdouilles. La même nana, avec un gros hamburger fumant dans les mains, s’approche et me dit que finalement, elle « va me la prendre, ma pomme ». #EtPuisQuoiEncore
Moi : Hé, Rich, c’est quoi ce truc qui sort du mur ?
Rich : Bin, c’est pour le radon, pal ! Le radon est un gaz radioactif naturel qui peut provoquer le cancer du poumon. Le radon ne se voit pas et ne se sent pas. Il peut s'infiltrer dans une maison par toute ouverture en contact avec le sol : les fissures dans les murs de fondation et les dalles de plancher, les joints de construction, les ouvertures autour des branchements et des poteaux de soutien, les puits de fenêtre, les siphons de sol, les puisards et les c
Regarder la finale de l’UEFA avec un Danois, un Indien, deux Marocains, un Nigérian et deux Belges. Ah oui : une Américaine. This is how I like America. Je m’attends à une réaction outrée de tous mes amis qui liront ceci.*
Au fil de son histoire, la ville a été affublée de nombreux surnoms. J’aime assez Porkopolis, surnom lié au fait qu’au 19e siècle, l’essentiel de la viande mangée aux USA était produite dans la région. Et à propos de véganisme, je vous recommande le Baconfest, une espèce de pride pour viandards qui a lieu chaque année ici.
La semaine dernière, dernier jour d’école ici à Chicago. A la sortie d’une classe, un éducateur se balade avec un énorme boombox. Qui diffuse à tue-tête le tube d’Alice Cooper. Tous en chœur : School’s out !
Il y a un truc étonnant ici pour les constructions : ce sont les AIR RIGHTS, concept plutôt américain même s’il est parfois pratiqué en Grande-Bretagne. En gros, quand vous êtes propriétaire d’un terrain, vous pouvez vous élever tant que vous voulez (tant que ça ne gêne pas les avions). Le concept juridique exact c’est Cuius est solum, eius est usque ad coelum et ad inferos (ce que vous avez bien entendu immédiatement traduit par « celui qui possède le sol le possède jusqu’au ciel et jusqu’en enfer. » Mais vous pouvez aussi, si deux étages vous suffisent, vendre vos air rights à d’autres. Qui peuvent donc construire un gratte-ciel au-dessus de votre petit pavillon. La société des chemins de fer locale, qui est propriétaire d’une infinité de terrains pour y faire passer ses trains, a revendu ses air rights à des promoteurs qui ont donc construit au-dessus des lignes de chemin de fer.

Le monde a l’envers : par 30 degrés à l’extérieur surtout ne pas oublier de prendre un pull. Pour aller au magasin où il fait 16 degrés.
Chicago possède un système de refroidissement d’air incroyable : le plus grand réseau de refroidissement urbain d'Amérique du Nord. 5 usines « fabriquent » de l’eau froide et l’envoient dans des tuyaux qui conditionnent 115 gratte-ciels. C’est moins cher que l’airco et nettement plus écologique. Ces machines à glaçons ont la taille d’un pâté de maisons et fabriquent la glace pendant la nuit, lorsque l’énergie est moins chère… Je comprendrais si, malgré l’amitié qui nous lie, vous étiez persuadés que je vous raconte des bêtises. Et donc, voici un petit reportage qui explique comment fonctionne cette immense machine à slush…

Au Rosehill Cemetery, les vélos sont interdits mais les voitures no problemo hein ! #LogiqueQuandTuNousTiens Je me balade donc — à pied — et OH GENIAL je vois un daim. J’interpelle une dame qui passe et je lui dis « Hé, vous avez vu ? » Et elle me répond, en penchant gentiment la tête comme on le ferait pour un enfant : « Visiblement, vous n’êtes pas de Chicago »…

La minute du gastronome. Je m’adonne ici sans réserve à ma passion honteuse : le float. Ou ice cream soda. Recette : un verre de soda avec une boule de glace. La formule traditionnelle c’est root beer et vanille. Mais je n’aime pas la root beer, donc je demande du coca ou, comme ici, une improbable boisson fluo à l’orange.

Dans le métro Un gars puant la beuh fait le camelot : « Weed, hash ! Weed, hash ! » Dans l’indifférence totale des passagers. Puis il passe à la rame suivante.
Dans le même métro, grosse angoisse : un corps, à moitié sur le quai, à moitié dans le métro. Tout le monde est pétrifié, défense de toucher au corps. Il a fallu une demi-heure et l’arrivée du SAMU pour que le cadavre commence à bouger. Ouf.
Le American Writers Museum est une pure merveille de créativité et de pédagogie. Il n’a qu’un défaut : pour y figurer, il faut être mort. Or, John Irving, mon auteur préféré, a le mauvais goût d’être encore vivant…
Ici les concerts sont interdits aux moins de 18 ou 21 ans. Et il faut montrer son ID pour pouvoir entrer. Pourquoi, croyez-vous ? Parce que le rap c’est vraiment plein de gros mots ? Parce que le jazz c’est réservé aux morts ? Pas du tout : parce que dans les concerts, ON BOIT ! Et l’alcool est strictement interdit aux mineurs. Ici, ça rigole pas. Je crois déjà voir raconté qu’on m’a demandé mon passeport avant de me permettre d’acheter une bouteille de vin au supermarché. Je sais, je ne fais pas mon âge…
Sur l’autoroute pour aller dans l’Ohio, j’ai vu cette inscription tellement hallucinante, le long de la route, dans un champ : HELL IS REAL. Après vérification, il s’avère que le panneau est mythique ici. Il est même référencé sur Google Maps. L’histoire : il y a une vingtaine d’années, un développeur immobilier du nom de Jimmy Harston s’est mis à planter un peu partout des panneaux avec des textes religieux. Celui-ci a évidemment eu son petit succès, à tel point qu’il est devenu le cri de guerre lors d’un derby entre deux équipes de foot, situées respectivement à Colombus et Cincinnati.
Paul complète : “il y en a d’autres, notamment vers Springfield, Illinois. L’un d’eux c’est JESUS DIED FOR YOUR SINS. Et donc, du coup, quand les gens ont vu ça, ils accélèrent de plus belle, puisque rien ne peut leur arriver…”
*« Bin, depuis quand tu regardes du foot, toi ? »
J’aime beaucoup tes reportages. Tes anecdotes sont très amusantes
Mais oui , root neer 🥸😝😋😘