DES NOUVELLES DE GLASGOW
Voici la deuxième moitié de mon périple écossais. Et si Glasgow est moins directement séduisante qu'Edimbourg, elle gagne néanmoins à être connue. Bon, ok : 15 jours, c'était un peu longuet, disons.
Vous êtes nombreux.se.nt.s.es… euh… enfin bon vous êtes beaucoup à avoir réagi suite à mes nouvelles d’Edimbourg. Voici quelques morceaux choisis.
Sur l’affaire des francs-maçons pas si clandestins, Laury Anne m’écrit : “La difference c’est qu’ils ne se cachent pas du tout. Si tu google les loges du coin, il y a le nom et la photo de tous les gens, le grand maître et tout. Et les loges maçoniques sont dans tous les villages et c’est écrit dessus ce que c’est 😁.”
Numa en remet une couche : “Normal, la maçonnerie a été inventée en Écosse il y a quelques siècles, et elle y a en quelque sorte pignon sur rue, tout comme aux USA d'ailleurs, où la maçonnerie locale est une héritière directe des Écossais.”
Emmanuelle conclut : “Même si les pays anglo-saxons sont moins cachotiers que nous concernant cette organisation, et a fortiori l'Ecosse qui a quand même donné son nom à un rite, les boutiques franc-maçonnes existent ailleurs, à commencer par Paris.”
Nicolas, ensuite, s’étonne que je n’aie pas écrit un seul mot sur la météo. « Depuis Glasgow, peut-être ? » Eh bien ok, Nicolas. Chaque fois que je viens au Royaume-Uni, j’ai un mantra : ilvafairemauvaisilvafairemauvaisilvafairesupersupermauvais. Comme ça, s’il fait dégueu, c’est normal. Par contre, s’il fait beau, alors c’est fête au village. Tant Edimbourg que Glasgow sont des villes côtières (ou quasi). Et donc le temps y change très vite. Cela dit, à Glasgow je n’ai pas eu beaucoup de chance, j’ai dû slalomer entre les gouttes.
Je l’ai dit, la ville est moins “carte postale” qu’Edimbourg. Déjà, c’est plus grand et il faut beaucoup marcher pour voir des trucs. Donc ça se mérite. Après trois jours, je me disais que le temps allait être long. Et puis je me suis mis dans le rythme. Avec des découvertes certes moins spectaculaires mais un style urbain assez cohérent, datant essentiellement de la révolution industrielle, et une ville qui vit et bouge, malgré une précarité assez visible (disons qu’il n’y a pas que des bobos) et pas mal de gens abîmés par la vie dans la rue.
Ok, maintenant que j’ai bien plombé l’ambiance, je peux raconter tout ce qui m’est arrivé de rigolo.
Chez la boulangère : « Hello i would like an almond croissant ! » Elle me répond : « Oh j’ai adoré la manière dont vous avez prononcé CROISSANT. So french ! ». Ça me rappelle cette citation fantastique du President George W. Bush : « The problem with the French is that they don’t have a word for entrepreneur. »
Dans mon métro, des étudiantes en uniforme. Avec des cheveux bleus et roses. Mais en uniforme…
Ici, l’accent écossais, c’est pas pour les poules mouillées.Haha on va voir ce qu’on va voir, mon anglais est suffisamment bon pOh, he's a bonny wee bairn. hein ? qu… que ? //o/hiz ə ˈbɒni wiː bɜrn// Oups, je suis en Pologne, en fait ! “Et encore, me dit ma logeuse : ici, on est dans le centre de la Pologne. Si vous allez en périphérie ou dans les campagnes, c'est pire… »
Voici donc un sujet télé trépidant sur un vol de moutons. L’accent écossais est sous-titré … en anglais (je rappelle juste qu’en fait, c’est la même langue, hein). Si les sous-titres n’apparaissent pas, il faut aller regarder le sujet sur Youtube, désolé.
Et maintenant, on enlève les sous-titres. Allez, courage.
Et pour clôturer cette partie sur l’accent écossais, ceci est à mourir de rire (à nouveau, si vous ne voyez pas les sous-titres, allez sur Youtube pour les lire et revenez après, c’est vraiment hilarant) :
Dans un restaurant italien. Le garçon, un Italien en kilt :
– Alors la spécialité de la maison ce sont des tapas…
(Je le fixe d’un regard de poisson mort…)
– … Des tapas italiens, hein signor !
Double dead fish look de ma part…
Oh, tiens, c’est rigolo, une denial clinic. Wow. La clinique du déni. Mais qu’est ce que c’est ? Ah non tiens, c’est dental clinic en fait 😅🙄
Juste passé le coin, j’ai vu un esports bar…🤦🏻
A Glasgow, c’est compliqué de trouver du pain convenable. À Édimbourg, il y avait des boulangeries artisanales partout. Ici ils préfèrent visiblement la bière (il y a des pubs partout).
Le dimanche, le métro s’arrête à 18h12. Bon. Ok. Merci pour l’info. DIX-HUIT HEURES DOUZE !!!
Une affiche pour un match de catch. Bring your own booze. Amenez de quoi vous torcher. Au moins c’est clair.
J’ai visité le marché aux puces le plus weird du monde : Barras Market. Le public et les vendeurs y sont aussi bizarres que ce qui y est vendu. Ici, un faf tatoué qui salive devant une vitrine avec des croix gammées. Là, un gars édenté en jogging, assis tout seul au milieu de la rue qui vend du viagra et des cigarettes qu’il sort… de ses poches. Ou encore ces vieux punks en kilt qui pogotaient déjà du temps de la reine Victoria : ils vendent de vieilles cassettes VHS porno. J’ai également mangé un truc totalement improbable : un verre de moules chaudes. Garanti 0% goût, 100% look visqueux. Bref, bien weird.
Les Ecossais sont un peu des têtes de bois, hein. Il y avait une rue bloquée pour une course à pied. L’automobiliste, qui avait décidé de passer malgré l’interdiction, sort de sa caisse, retire la barrière en regardant le gardien droit dans les yeux, remonte dans sa voiture et redémarre. Pendant que l’autre regarde le bout de ses pieds.
Bon après une semaine, je me les roule doucement. C’est fini quand, déjà ?
Rien à voir : lorsqu’elle me voit rédiger mon AUTRE newsletter (LA MUSIQUE SELON THIERRY), Kasia, ma roommate ici à Glasgow me jette : “If you listen to jazz before you’re 40, there’s definitely something wrong with you !” J’en profite donc pour vous inciter à vous abonner AUSSI à cette newsletter qui, tous les mois, vous propose d’aller jeter une oreille sur des trucs que j’ai écoutés et aimés, dans tous les styles (enfin surtout jazz, pop, rock, électro et classique). Brice Le B., qui a préféré garder l’anonymat, trouver que c’est “la meilleur newsletter du monde si vous aimez la musique avec des notes dedans !”.
Au restaurant, la serveuse me demande si je sais comment ça se mange, les artichauts.
Ici, tout est wee. Wee, c’est le mot écossais par excellence, à utiliser deux fois dans chaque phrase sinon vous n’êtes pas crédible. Wee, c’est petit, mignon, léger. Bon, le verbe to wee ça veut aussi dire faire pipi mais c’est une autre histoire.
Accent écossais, suite et fin : je crois que je comprenais mieux l’accent indien (pourtant redoutable) que l’écossais. Je viens de passer deux heures d’une visite guidée à ne comprendre qu’un mot sur trois. Quelques heures plus tard, je me suis un peu accroché avec un gars qui m’a engueulé dans un sabir indéfini, et qui s’énervait encore davantage parce que je ne comprenait pas un traître mot de ce qu’il me disait (et il croyait que je le provoquais).
Wetherspoon est une chaîne de pubs et d’hôtellerie ultra-répandue en Grande-Bretagne. La légende veut que le propriétaire de cette enseigne, qui ne s’appelle pas du tout comme ça, avait un prof à l’école nommé Wetherspoon. Il n'aurait apparemment pas résisté à la perspective d'avoir dans chacun de ses cafés un paillasson où les gens s'essuieraient les pieds sur le nom du gars qu'il détestait. Lovely.
Connaissez-vous l’IRN BRU, l’autre boisson nationale de l'Écosse ? Ce délicat soft drink a le goût ferreux d’une poignée de boulons qu’on aurait fait décanter dans un Aperol Spritz. Comme le dit le slogan publicitaire (je n’invente rien) : IRN BRU, Made in Scotland from girders (Fait en Écosse avec des poutrelles, référence à la couleur rouille de la boisson. Voilà, c’est ça : l’IRN BRU goûte la poutrelle !
Je terminerai par deux musées fantastiques que j’ai visités ici en Ecosse. Le National Museum of Scotland (à Edimbourg) et le Kelvingrove Art Gallery and Museum (ici à Glasgow) sont basés sur le même principe ludique : tout y est mélangé. Un Spitfire de la 2e guerre mondiale survole des animaux préhistoriques empaillés, la section design jouxte celle des peintres de la Renaissance, une Formule 1 se retrouve au milieu d’expériences scientifiques et de reliques datant de 5000 ans. On peut toucher à tout, tout essayer, pousser sur des tas de boutons et actionner plein de trucs (mention spéciale, dans la section égyptologie, pour l’atelier “emballe toi-même ta momie avec des bandelettes”. Ici, aller au musée est une activité familiale joyeuse, créative et sonore, tellement moins coincée du derrière que nos institutions péteuses et prétentieuses. Les Britanniques sont les champions pour attirer un grand public dans les musées, et je les aime pour cela (mais pas que).
Fin de mon séjour à Glasgow. D’ici quelques jours, si tout va bien, vous recevrez un petit récit napolitain écrit à quatre mains avec le grand écrivain (1m80) Vincent Engel. Même si, dans le cas présent, l’expression “à quatre mains” ne fonctionne pas car il écrit au stylo Sheaffer. Mais on essaiera quand même.