Des nouvelles de Madrid
Lotus, cette entreprise belge (B*E*L*G*E) qui commercialise le divin spéculoos, exporte allègrement ce cadeau des dieux. Nos amis French appellent ça des spéculoos et les dégustent avec une Hoegaarden ou une Grim (comme ils disent). Bref, tout va bien. Et voici qu’ici, les spéculoos (de chez Lotus, j’insiste), s’appellent des Biscoff !!! DES BISCOFF !!! Mais c’est n’importe quoi, des Biscoff, ça a l’air nettement moins bon, quand même. Lotus, sales traîtres !
J’avais – sciemment – choisi Lavapiès, un quartier très populaire. Disons que populaire, il l’est. Genre que ça microcraint le soir dans ma rue. Un monsieur à l’allure patibulaire (mais presque) me regarde fixement pendant un moment et puis demande simplement : « algo ? ». En français et en plus long, on traduira ça par : « Est-ce que vous cherchez quelque chose, hombre ? Je peux sans doute vous le procurer, sait-on jamais ». Ce gentil monsieur doit sans doute être représentant chez IKEA à ses heures perdues. Il paraît qu’ils ont effectivement de tout chez IKEA.
Un mot qui n’existe pas en français : arroceria. Restaurant de riz (vous savez, ce truc lourd, jaune fluo et collant qu’on met dans la paëlla). Rizerie ? Rizothèque ? Rizzeria ?
Ernest Hemingway a traîné ici par périodes, de la fin des années 20 aux années 60. Et, comme dans toutes les villes où il a sévi, on vous vante un peu partout sa présence et ses exploits arrosés. Je trouve donc d'autant plus salutaire cette inscription au-dessus d'un restaurant dans le centre : "Hemingway n’a jamais mangé ici !"
J’apprends avec joie l’existence d’un madrileño célèbre ici : Luis Candelas, un bandit de grand chemin dont une des spécialités était de séduire les femmes mariées de la noblesse et de la haute bourgeoisie. Il en profitait pour leur piquer argent et bijoux. Richesses dont il faisait ensuite bénéficier la ville entière, en payait à boire et à manger à tout le monde. Bizarrement, aucune de ses victimes ne portait jamais plainte. Ce qui ne l’empêcha pas d’être condamné à mort pour ses nombreux larcins. Il fut exécuté grâce à la sympathique technique du lacet étrangleur (ou garrot) une sympathique coutume qui a encore été utilisée dans l’Espagne franquiste jusqu’en… 1974 ! Tapez “lacet étrangleur” sur Google pour voir. Juste pour voir. Ne me remerciez pas, c’est normal. Service public.
L’Espagne détient le record européen du nombre de cafés/pubs par tête de pipe. J’ai trouvé deux chiffres différents : un bar pour 132 Espagnols. Ou pour 165. Les inspecteurs ne savaient visiblement plus très bien, après avoir visité et testé les 280.000 établissements que compte le pays.
J’ai décidé de devenir veg… euh non, de m’initier aux subtilités du jambon (pardon, je confonds toujours). Je remercie donc le ciel d’avoir inventé la chaîne LE MUSÉE DU JAMBON. Un alliage assez improbable – en ces temps où on est censé manger sain et léger – entre une charcuterie et un salon de dégustation. Exemple : le 75% bellota que j’ai acheté sous vide, je dois le réchauffer à l’eau tiède, l’ouvrir puis attendre dix minutes avant de le déguster. Bienvenue à Cholestérolland !
« Et tu iras au Prado, hein ! »
« Et pas oublier Guernica ! »
#MaSœurC’estMaMère
Oooooh, des tapas créatifs. Brochette de saumon grillé avec du gouda fondu. Morceaux de bœuf dans une sauce sucrée aux raisins. Mmmmh. J’essaierai des tapas moins créatifs la prochaine fois.
Encore un mot local : vermuteria. Une vermoutherie. Très populaire ici. Au début du verre, on dirait une punition. A la fin, tu te demandes si tu vas pas en commander un 2e pour alourdir ta sentence. #RevoluciónVermutera
J’ai beaucoup raconté cette histoire. Il y a quinze ans, on avait décidé avec Claude, mon beauf de l’époque, d’aller à Madrid pour un week-end. Et j’avais rajouté, très sérieusement et totalement premier degré : « Madrid ! Génial ! Et j’ai toujours rêvé d’aller voir Gaudi ! ». Sans susciter la moindre réaction de la part de Claude, a.k.a. El Placido Mustachisto.
Une fois sur place, je déchante : « Mais... y a pas de bâtiments de Gaudi ici ! »
Claude : « M’enfin, mais Gaudi c’est à Barcelone ! »
Moi : « Mais punaise pourquoi tu m’as rien dit quand je t’ai dit que je voulais voir Gaudi à Madrid ? »
Claude : « Mais je croyais que c’était une blague ! »
Je vis dans une corrala, également appelée casa de corredor. Il s'agit d'habitations populaires, typiques de Madrid, disposées autour d'un patio intérieur central, et auxquelles on accède par un corridor. Les corralas ont toujours existé ici, et à certaines époques le grand chic était d'y organiser des pièces de théâtre, le public étant disposé tout autour du patio central. Pour le dire idylliquement : la vie en corrala facilite la communication. Pour le dire de manière plus cash : on entend VRAIMENT bien ce que disent et font les voisins, 24/7 !
Une blague politique espagnole des années 70, liée au fait que Franco semblait à l’époque immortel. Un type a un index en moins. Son pote lui demande :
tu l’as perdu en travaillant à l’usine ?
Non : chaque année, je tapote nerveusement avec l’index sur la table en disant « cette année, il meurt ! Cette année c’est sûr il meurt ». Et à force, mon doigt s’est usé.
Je ne sais pas si je la raconte bien. Je l'ai entendue en espagnol dans un documentaire sur l'après-franquisme.
« Mandela, restaurante senegalès ». Ok, si ça vous fait plaisir, chicos, moi…
Un touriste australien me demande où se trouve le musée PradA. “Alors vous voyez le magasin de chaussures ? Eh bien vous prenez à gauche et vous y êtes presque.” Ça me rappelle ce politicien français qui expliquait que son auteur de chevet, c'était Zadig et Voltaire.