Des nouvelles de Medellin #1
Quittons Mexico quelques semaines pour descendre plus au sud. Et profitons-en pour attraper le Covid vite fait et donc prolonger le séjour, tout cela avec 3 caleçons, 2 t-shirts et 1 chemise.
Débilumprofondicus#1 c’est tout près du Mexique, hein, la Colombie. Hein oui. En effet : il n’y a que 3000 km, soit la moitié d’un Bruxelles-New York. A côté, quoi. #JeSensQueJeVaisEncoreSauverLaPlanèteCetteSemaine
Les trois premières personnes que je rencontre s’appellent respectivement Ancizar, Yertelman et Emilce. Le troisième est un prénom féminin, les autres pas. Les Colombiens sont créatifs très tôt. Ou alors punis dès la naissance ?
Booooon. Alors 1 € = 4548 pesos. Je viens de payer un million deux cent vingt-sept mille neuf cent dix pesos pour quatre nuits d’hôtel.
Dans mon hôtel, tout est moderne et techno. Mais avec du simple vitrage. Ce qui donne un petit côté sensurround assez sympa : on entend VRAIMENT bien les voitures dans la rue et ce que disent les gens qui passent.
Je demande à quelqu’un où elle vit et elle me répond : « Estoy en Estrato 6 ». Donc, moi je cherche Estrato 6 dans Google Maps et je ne trouve pas le nom de cette rue. Et donc, elle doit m’expliquer qu’il y a une loi colombienne qui classe les quartiers en fonction de leur qualité de vie et d’un classement socio-économique qui prend en compte plein de critères. Les quartiers sont classés en strates, de 1 (pauvre) à 6 (riche).
Débilumprofondicus#2 : dans le guide, je vois qu’il y a plein de super trucs dans la cuisine colombienne, très variée et incroyable. Cool mais vite, j’ai que douze jours pour tout goûter. Je sors un peu tard pour manger, j’ai faim et je ne fais pas gaffe. Et je m’installe - miam, ça a l’air bon - dans un restaurant MEXICAIN. Mais quel talent !
Le petit déjeuner à l’hôtel étant plus que hasardeux (et je reste poli), je fais trois mètres et je tombe sur l’inévitable café bobovégan (avec des pailles en plastique quand même) où il n’y a que des Américains ou Européens, tous sur leur Mac en train de télétravailler ou de téléglander.
Prendre les transports en commun, dans certaines villes, s’apparente à un parcours du combattant : rien n’est clair, le plan est tortueux, tout est bordélique (Mexico est assez fort dans le genre). Ici, le métro est nickel, on mangerait par terre, tout est super bien indiqué. Dans chaque station, la signalétique est parfaitement claire et ils mettent déjà des panneaux pour indiquer quelle sera la station suivante.
Comme chaque fois que j’arrive dans une ville, je me renseigne pour savoir que ce que Airbnb me propose comme « Expériences ». Une fois de plus, je n’ai pas été déçu :
Le chemin de la méditation dans la nature
Journée de silence au milieu de la nature (décidCHUUUT ON A DIT)
Ionisation dans des chutes d’eau
un moment avec Roberto Escobar Gaviria. Tiens, tiens, mais ce nom me dit quelque chose : bon sang, mais oui, c’est le frère de Pablo Escobar, ce gros truand qui fait encore l’objet d’une vénération ici (et d’une foule de propositions touristiques bien malsaines). Vous pourrez taper la discute avec Robert devant son garage, il vous parlera de sa vie sans intérêt et vous signera même un autographe si vous payez un suppément.
Fernando Botero, qui est donc l’AUTRE star mondiale originaire de Medellin, est partout : il a une place (avec 23 statues monumentales) et un musée qu’il a rempli avec des dons au fil des années. Il est drôle, vif, élégant et mordant. Par contre, on dirait qu’il n’a pas vraiment apprécié mon charisme renversant…
Quand je m’enthousiasme pour cette ville qui est plein de gens, de bruit et de nourriture, V. me répond : « Medellín es una chimba ! » Una chimba, c’est d’abord une partie bien spécifique du corps féminin. Mais pour los paisas (les habitants de Medellin), c’est avant tout une manière d’exprimer quelque chose de beau, de bon, d’excitant, d’agréable.
Dans le métro une jolie infirmière lit El Porvenir er Largo (L’avenir dure longtemps) de Louis Althusser. Tous ses voisins sont sur TikTok.
Les latinos (pas que ici hein) adorent les papiers et l’administration. Pour acheter un bouquet de fleurs, on m’a demandé mon numéro de passeport, mon e-mail, mon adresse, on a rédigé un bon de commande et une facture. Je crois que j’ai échappé de justesse à l’acte notarié attestant de la création de ma société. Et comme d’habitude, j’appuie mes dires avec une documentation béton !
En plus c’était d’une efficacité redoutable : j’arrive, x heures après, pour chercher ce bouquet qui ressemblait désormais à un transport d’organes vitaux. Et ils n’avaient pas encore commencé à le préparer (« ah moi on ne m’avait rien dit » dira un des 12 collaborateurs du magasin).
Et là, tout le monde en cœur, 3, 2, 1 : « Et Les fleurs, c’est pour quiiiiii ? »
Eh bien les fleurs c’est pour Girlesa (encore un prénom que je ne connaissais pas), la maman de Tatiana, qui est l’amie de Sandrine qui est elle-même l’amie de Richard qui est mon ami (comme vous le voyez, ça réseaute sec ici). Et Girlesa m’a convié chez elle pour préparer (et manger ensuite) des empanadas.
J’ai également ingéré durant cette soirée 1/2 baignoire d’arguadiente. Voici comment, en Colombie, se consomme ce tord-boyau local à base d’anis : El primero con agua. El segundo sin agua. El tercero como agua.
Toujours pendant la soirée, alors qu’on a bien picolé, Girlesa vient disposer le bac de bières au milieu de la pièce et demande à chacun de contribuer pour aller en rechercher un autre. Moi j’étais un peu choqué (mais aussi un peu bourré) mais donc c’est comme ça que ça se pratique ici.
Adriana, chauffeuse de taxi, m’explique que les Latinos adorent garder leur voiture des années et des années. La bagnole a quasiment le statut d’un enfant dans une famille. Et quand ils doivent s’en séparer, c’est un déchirement… et ils pleurent comme des madeleines.
Eh mais c’est quoi ce truc tout rouge avec des boutons qui… argh. trop tard. Positif. Le truc c’est qu’une quarantaine, en Colombie ou ailleurs, ça n’a rien de marrant à raconter. Pffff. Bon, bin il y aura une suite, donc, je vais prolonger mon séjour. Je vous laisse, je dois aller tousser.