Des nouvelles de Mexico #2
Voici des nouvelles de votre Albert Londres de Bruxelles préféré. Je m’installe petit à petit, je prends mes habitudes, je n’ai pas encore grossi, je dis poliment bonjour à l’agent de sécurité qui garde la maison d’en face et je sais arriver au métro sans me perdre dans le quartier (par contre, ok, je me trompe encore parfois de sens en le prenant).
Mariella, avec qui je vivais à Lisbonne, m’avait donné le numéro de son ex : « tu verras il est très sympa, va boire des bières avec lui ». Il se fait que l’ex en question habite à 350 mètres (4 rues) de chez moi. Sur une ville de 25 millions d’habitants, c’était pas gagné d’avance, disons.
Dans les marchés, les liquidos sont réputés. Des jus de fruits frais à tous les parfums. Aux risques de vos intestins, bien entendu. J’ai particulièrement apprécié cette liste, et je me suis évidemment empressé de commander le 18e.
Voilà un chiffre un peu euh… concernant Mexico : en 2021, la ville est classée en 24e place dans la liste des villes mondiales au plus haut taux de criminalité. Rio est 7e (brrrr, c’est mon projet de l’an prochain), Nice est 37e, Paris 103e, Bruxelles 137e…). Pour vos prochaines destinations, allons donc plutôt voir dans le fond de la liste (les moins dangereuses, donc) : Doha (Quatar), Taipei (Taiwan), Québec, Zurich ou Cluj Napoca en Roumanie (mais là il faut vraiment avoir envie).
Je suis tombé évanoui de bonheur en mangeant un taco de birria, une préparation faite à partir de mouton, auquel on ajoute des piments et des épices. Pour faire mariner et attendrir la viande, certains ici enveloppent même la préparation dans un sac en plastique ou un sac de congélation. C’est divin.
Ouvrons ici un petit chapitre consacré aux intestins. Vous allez voir, c’est édifiant.
Après m’être tapé ma deuxième tourista en une semaine, Anne me signale qu’on appelle ça ici LA VENGEANCE DE MONTEZUMA (qui s’écrit sans accent, même si on ignore comment ce nom s'écrivait réellement puisque le nahuatl (la langue des Aztèques) ne s'écrivait pas ! Montéz... pardon Montezuma, c’est l’Empereur aztèque qui était au pouvoir lors de l’arrivée des conquistadors. Ça mérite une petite explication historico-rigolote. Les Espagnols, quand ils sont arrivés ici, ont découvert le maïs, qu’ils se sont empressés de ramener en Europe. Seulement voilà : ils l’ont traité comme s’il s’agissait de blé, en négligeant, tenez-vous bien, l’étape de la nixtamalisation. Haha, mais quels ballots ces Espagnols : oublier de nixtamaliser le maïs, apfffffff quand même !!!
Toujours est-il que sans cette libération de niacine (ou vitamine B3), le maïs provoque des carences alimentaires et diverses maladies. Depuis cet épisode, qui a zigouillé bon nombre d’Espagnols à l’époque, les Mexicains ont coutume d’appeler « vengeance de Montezuma » tout problème gastrique ou intestinal subi par un non-Mexicain, et particulièrement la diarrhée.
Mais figurez-vous que ce chapitre intestinal n’est pas fini, j’ai encore ceci pour vous : saviez-vous qu’à Mexico, on émet davantage de flatulences que chez vous, mes amis ? Ce phénomène scientifique s’appelle high altitude flatus expulsion, or HAFE (je n’ai pas trouvé de traduction française) et il a été modélisé par un professeur de la faculté de Stanford. Le gars est d’ailleurs devenu une star mondiale à cause de cette bêtise, alors que le reste de ses importants travaux scientifiques est complètement passé à la trappe. C’est un principe physique très simple : comme la pression externe diminue avec l’altitude, eh bien cela provoque une dilatation des gaz intestinaux. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle vous pèterez comme un bœuf en montagne ou dans un avion.
Un article amusant et destiné aux randonneurs de montagne raconte tout cela.
C’est bon, j’arrête — pour l’instant — avec mes histoires de prout.
Trouvé sur Instagram :
Lorsque le Mexique fut créé, les anges se rendirent en délégation auprès de Dieu et lui dirent : « Mais regarde ! Tu as vu ce que tu viens de réaliser ? Quel pays magnifique. Deux océans, des fleuves, des forêts profondes, des montagnes, la neige et le désert. N’as-tu pas trop donné, par rapport à d’autres pays ? »
Dieu aurait répondu aux anges : « Ne vous inquiétez pas, j’y mettrai aussi les Mexicains. »
Lu dans le Dictionnaire amoureux du Mexique de Jean-Claude Carrière, Plon.
Flor me prépare un chile relleno con arroz, un poivron farci avec du riz.
— Oui mais farci à quoi, Flor ?
— Oh, c’est un fromage un peu particulier. Ici, on appelle ça du gouda.
— …
Dans la ville, j’ai vu des rues très très très spécialisées : une rue où on ne vend que des guirlandes de Noël, une autre avec uniquement des fabricants de coffre-forts. Ou alors la rue des robes de mariée…
La ville est tellement grande que je me suis endormi dans un Uber avant d’arriver à destination. Bon, ok, on a été ralentis par des embouteillages.
Ayant l’estomac fragile, je ne mange pas dans la rue, puisque les gargottes n’ont pas l’eau courante. OK PARDON C’EST VRAI QUE J’AVAIS DIT QUE J’ARRÊTAIS AVEC ÇA DÉSOLÉ
A la terrasse d’un resto, un gars chante ET JOUE ultra-faux. Il massacre My Way, en se disant sans doute que c’est pas grave, puisque personne ne connaît ce morceau. Je demande discrètement à la serveuse si elle trouve aussi que ça tient de la torture. Elle lève les yeux au ciel en me répondant juste « plus que deux chansons ». Voici, à destination des oreilles aventureuses (attention, des tympans ont pété pour moins que cela) une interprétation particulièrement décoiffante de Love Me Two Times des Doors. Je vous préviens, c’est vraiment traumatisant.
Le lendemain, autre quartier, autre répertoire, c’est les Beatles qui dégustent cette fois. Je suis pourchassé par les mauvais chanteurs.
Anne et Hervé me donnent rendez-vous au Café Toscano pour bruncher. Mmmmh, voyons voir. Ooooh, mais trop de chance : il y a seulement SEPT Café Toscano à Mexico (25 millions d’habitants, pour rappel).
A force de me faire traiter de caballero à tout bout de champ par tout le monde (c’est la formule usuelle pour dire « monsieur »), j’ai l’impression d’être Lee Van Cleef dans un western spaghetti.
Et sinon, il y a aussi des frijoles, ces haricots qu’on mange à tous les repas et qui augmentent les flatRAAAAAH C’EST BOOOOON ON A DIT !
Un truc dingue : Maryse vient de passer par Lisbonne. Et son guide lui a parlé… de moi et de mon neveu. Là où je passe…
J’ai eu plein de réponses étranges :
Cactus, roubignolles de Cortès, tortilla au gazpacho, poivrons, bol en terre cuite, chili con carne, sang de El Chapo, tequila/scorpion…
La réponse était mamey (sapotier), un fruit local.
Ultime commentaire de J : « Fais gaffe. Lors de mon voyage de noces, c’est ça qui m’a rendue malade sur la route entre Oaxaca et la mer. Comme un chien. Ai du être rapatriée d’urgence et 10 jours d hosto ! Donc pour moi saveur de vomi ! »
Dans la rue, un type qui marche, en agitant une grosse cloche. En fait, c’est pour signaler que, dans quelques minutes, le camion-poubelles va passer. Le gars a une rue d’avance sur le camion.
#LesSmartCitiesC’estPasEncorePartoutHein
Georges m’écrit : « Je me souviens que dans le métro à Mexico les stations étaient aussi signalées par le logo d'un animal. Afin que les personnes illettrées sachent où elles doivent descendre. » En effet, je n’avais pas remarqué, mais Georges a toujours raison !
Comme Georges, vous êtes certainement déjà à vous demander quand reviendra LE MONDE SELON THIERRY. Entretemps, je rappelle à toutes fins utiles que l’aventure continue sur mes deux comptes publics, qui n’attendent que vos like, commentaires et autres petits coucous qui me font super plaisir.