DES NOUVELLES DE MEXICO #7
Argent, pizza, piñata, boa constrictor, graphologie, chamanisme et mexican porn. What else, hein, franchement ?
Même si le Mexique n’est pas un pays pauvre (on dit « émergent »), il n’empêche que certains ont du mal à boucler les fins de mois. En témoigne cette culture généralisée des paiements morcelés : beaucoup de biens de consommation sont ici achetables en payant par tranches (cuotas).
Le livreur de Domino’s pizza qui se balade dans la rue en gueulant « qui veut une pizza grande taille pour 50 pesos ? » (ça fait 2,15 €) #çaSentLaFinDeLaJournée
Les piñatas, c’est la grosse affaire ici. Les originales sont ces boules vaguement covidiennes avec 7 piques (une par péché capital), plutôt utilisées lors des jours qui précèdent Noël. Et initialement remplies de fruits de saison. Aujourd’hui, des sucreries qui font la joie des dentistes et des nutritionnistes. Au départ, elles étaient plutôt en argile, mais aujourd’hui c’est le papier mâché qui a pris le dessus. Et surtout, les caricaturas sont maintenant omniprésentes : superhéros et autres Bob l’éponge sont présents lors de toutes les fêtes enfantines (ainsi que les dentistes en embuscade).
Clair que non. Pour la première fois j’ai fait mon JCVD en utilisant en français et sans le faire exprès une structure espagnole (claro que no). Estoy aware de mon frañol, guey !
Discussion avec Mayela : en Europe, la circulation est organisée pour protéger l’usager faible comme le piéton ou le cycliste. Ici, c’est clairement l’automobiliste qui a le pouvoir, et il faut absolument qu’il le montre. Du coup, je suis en danger de mort permanent en traversant une rue.
La boisson improbable pour vos prochaines fiestas cet été : la michelada. Un grand verre de bière avec du jus de citron, du bouillon Maggi, de la sauce anglaise et des morceaux de fruits. Redoutable.
Assomme-toi par la fenêtre pour voir qui touche le timbre ! Cette phrase, dite par Olivier Dubois, a remporté le grand prix 1986 de la traduction approximative. En espagnol : Asomate por la ventana para ver quien toca el timbre - penche-toi par la fenêtre pour voir qui a sonné.
Fléau de la circulation au Mexique : les topes, les dos d’âne. Et comme ils ne sont pas très visibles, les conducteurs non aguerris s’envolent carrément. Du coup, certains se piquent de les repeindre régulièrement. Mais c’est de la peinture de qualité et donc c’est un peu Groundhog Day ici, il faut sans cesse repeindre. Dans la petite ville de Tepozlan, des ouvriers demandent aux conducteurs une donation volontaire pour aider à payer la peinture.
La gestion des ordures ménagères est ici assez particulière. Chaque famille fait appel (moyennant rétribution) à un barrendero (disons « balayeur » même si son rôle est ici bien plus conséquent) qui va se charger d’amener, les différents rebuts de chaque ménage au camion, stationné dans le quartier. Pas certain que ce soit ultra efficace mais par contre ça fait travailler plein de gens.
J’ai lu quelque part – je ne sais plus où – que dans les années 2007-2008, au cœur de l’Etat de Tabasco, vivaient deux hommes âgés qui étaient les seuls à parler encore le zoque, une des nombreuses langues précolombiennes qui se sont peu à peu raréfiées, et finalement perdues, depuis la conquête. Malheureusement, ces deux hommes, fâchés pour on se sait quelle raison, ne s’adressaient plus la parole.
Jean-Claude Carrière, Dictionnaire amoureux du Mexique, Plon
Gérard, mon fact-checker, souhaite réagir à cette citation : Je ne crois pas qu'il s'agisse du zoque (auquel Wikipedia - source inégalement fiable, il est vrai - attribue encore quelque 70 000 locuteurs aujourd'hui). Il me semble même avoir lu récemment dans un journal que le dernier survivant de ces deux hommes est mort récemment. L'histoire a donc des chances d'être vraie, mais Jean-Claude Carrière (qui était un fantastique conteur d'histoires) s'est peut-être trompé de langue.
Chaque matin dès potron-minet, pendant une à deux heures, le président Andres Manuel Lopes Obrador répond aux questions des journalistes. En direct dans les médias. TOUS LES MATINS ! Un exercice de démocratie et de communication unique au monde qui charrie son lot de critiques, notamment de la part des chayoteros, les journalistes qui, sous l’ancien régime, étaient directement rétribués par le pouvoir pour dire du bien des mesures gouvernementales. Ce n’est plus le cas et donc ils râlent. AMLO faisait déjà sa mañanera lorsqu’il était maire de Mexico.
Systématiquement, la personne à qui je tends un billet dans une magasin pour payer quelque chose me répète tout haut le montant de ce que je lui donne. « Alors, nous sommes bien d’accord, vous venez de me donner 200 pesos… ». Je suppose que c’est pour limiter les réclamations et autres arnaques dont sont victimes les commerçants.
– Dis-moi, Betty, comment les Mexicains prononcent-ils ton nom de famille, Van Cauwelaert ?
– En quarante ans, personne n’a encore jamais essayé…
Escapade à Akumal au Yucatan
Avec J., P., L. et F., nous avons passé quelques jours dans un glamping (c’est du camping pour les glands, je crois). Idéal pour « coworker dans la jungle » (je vous jure que c’est dans leur publicité). L’endroit est assez écolo-chic. Le tout à proximité d’Akumal, un village encore assez épargné par le tourisme de masse. Le signe : il n’y a aucun magasin de souvenirs ni de merdouilles. Juste l’activité économique des gens d’ici. Et c’est amusant de pouvoir aller dans la cuisine du petit resto d’Esperanza pour voir ce qu’il y a à manger ce soir.
Entendu dans la tente voisine : “Maman, y a un scorpion dans la chambre !!! 😱” Nous, on a juste eu droit à un bête mille-pattes (bon, ok, il faisait quand même 15 cm…)
Ici, on mélange allègrement les pesos et les dollars pour annoncer les prix des trucs. Notre théorie : si c’est cher, ils mettent ça en dollars, ça a tout de suite l’air moins cher (un dollar = 21 pesos).Un pote qui vit ici a illustré mon propos de manière assez amusante : “Je crois que c'est surtout par snobisme commercial que les Mexicains annoncent le prix de certains biens en US$ - propriétés de luxe, œuvres d'art... Pour ma part, je me suis fait piéger peu de temps après mon arrivée au Mexique alors que je meublais ma première maison. J'avais commandé à un artiste mexicain des tableaux pour décorer dignement mon salon et j'ai mis du temps à comprendre que le prix assez attendrissant qu'il me demandait était, en fait, en dollars (lequel ne valait à l'époque que 8 pesos, mais quand même !). J'ai alors compris, entre autres, ce que signifiait le malinchisme...”
Nichulpté. Xhel-Ha. Rancho Baaxal. Chaak Tun. Pierre trouve que le maya, ça ressemble un peu au luxembourgeois.
Notre villégiature dispose d’un « chaman en résidence ». C’est un peu comme un coiffeur mais plus cher. Vite, s’inscrire pour le massage maya. Adrian m’accueille, un peu habillé comme Sitting Bull. Il me fait entrer dans une grotte d’une hauteur d’1m40 et, comme dans la bible après la mort de Jésus, referme la grotte d’une grande pierre ronde. Pendant tout le massage, il va souffler comme un bœuf, sans que je sache si ça fait partie du rituel ou si c’est juste le masque en plastique anticovid qui l’empêche de respirer. Ensuite, il dispose des bols tibétains sur chacune des parties de mon corps chétif (oui, chacune) et les fait longuement résonner. J’ai super bien dormi après. “Bin, tu vois que ça marche”, commente P., à peine narquois.
Un guide a dit à L. lors d’une balade dans un sanctuaire pour animaux : « Can you please give this boa to my friend ? »
Et toujours à propos de bestioles, en espagnol un prédateur est un depredador. C’est un peu un contresens, non ?
Toujours aussi hilarant ! Merci, Thierry !