DES NOUVELLES DE NAPLES #1
Une expérience originale, tenant à la fois de la sortie potache et du Club Med Seniorissimo (avec atelier couches confiance inclus dans le forfait) : quelques jours à Naples avec mes condisciples du collège.
Préambule : le JE est ici collectif puisque j’ai écrit ce texte avec mon condisciple Vincent Engel. Donc, peu importe qui dit JE, il est moi et je suis lui. C’est beau l’amour, non ? Pourquoi je/nous fais/ons ça ? Parce que, comme disait l’autre, c’était lui, parce que c’était moi… Et puis, mythologie romaine oblige, nous serons un peu Janus (non, il n’y a pas de jeu de mot grivois).
« Que fous-je ici ? » Vous vous rappelez de ce slogan qui exprimait avec finesse l’ennui de se retrouver à l’école ? C’est un peu ce qui justifie la présence ici, à Naples, d’une quinzaine de copains de quarante ans (d’il y a quarante ans, parce que pour ce qui est de l’âge… mais nous en reparlerons), du Collège Cardinal Mercier, et deux de leurs profs survivants.
Dingue, non ? 1979 : voyage de classe à Rome avec Marcel (le titulaire) et Guy (le prof de langue). Une vingtaine de gamins, rien que des mecs, mixité n’obligeant pas alors. Les années passent. On se revoit parfois. 2019 : on retourne à Rome, une petite vingtaine de rescapés. Et on s’amuse tellement qu’on décide de remettre ça — trois ans plus tard, merci le covid. Ou la covid, pour faire plaisir à ceusque la question des genres préoccupe.
Cette fois, les compagnes sont invitées. Quelle drôle d’idée : qui a envie d’écouter des vieilles blagues sur des vieux curés morts à tendance vaguement pédo ? Blagues qui, par définition, sont peu toujours les mêmes depuis 40 ans.
À l’aube de notre départ, premier échange WhatsApp entre Janus :
— Tu as vu ? On s’écrit toujours à 6:46 du matin. C’est un signe.
— Amusant : demain je mettrai mon réveil !
— Moi pas. Un signe, Thierry, ça doit venir tout seul.
Premier sujet d’études : est-ce que des vieux entre eux (donc sans notion de séduction puisque les deux accompagnatrices sont casées) sont aussi soucieux de leur garde-robe / nombre de vêtements de rechange que lorsqu’ils partent en voyage avec un groupe mixte ? Ou bien est-ce qu’il y a eu un peu de laisser aller ? Vous nous ferez une page recto-verso que Marcel ramassera à l’aéroport pour correction pendant le vol. L’orthographe compte pour 2 points.
En arrivant à l’aéroport, on a dû tous se dire : « Putain, qu’est-ce qu’il a l’air vieux ! » Il, donc toi, donc moi. J’ai l’air vieux, moi ? Meuh non… Donc lui non plus. Allez, méthode Coué… Même s’il y a de signaux alarmants : j’ai oublié un médicament assez spécifique pour d’occasionnelles crises de goutte. Ouf, l’un du groupe en avait chez lui. Benoît commente la chose : « je suis sûr que si tu avais oublié un médicament pour la prostate ou pour tes problèmes d’érection, tout le monde aurait pu te dépanner. » Bon… C’est çui qui le dit qui l’est.
Les GOs avaient réservé un super hôtel dans le centre, ils avaient même payé l’acompte. Heureusement, ils ont vérifié quelques jours avant : pas de trace de la réservation. Et zou, retrouver 14 chambres en trois jours, durant un des weekends les plus chargés de l’année, fête de la République oblige ! Avant même de partir, on mesure la force de l’humour napolitain, un humour de situation tout en nuances…
L’hôtel trouvé in extremis, en lointaine banlieue momoche comme il se doit, s’appelle Ninfa Hotel. Dans les chambres, on a l’impression d’être dans un mélange de magasin de carrelages et de sauna happy end (avec loupiotes de boudoir, il ne manque que la barre de pole dance). Et si… Mais non, ils n’auraient quand même pas osé nous installer dans un hôtel de…
(attention, il y a 4 images rigolotes ci-dessous)
Combien de temps avant la première blague sur Capri ?
Pour ceux qui parlent italien, être à Naples c’est comme être à l’étranger : on ne comprend rien quand les Napolitains parlent. Ça, c’est pour une face de Janus ; l’autre n’arrive pas à communiquer avec les locaux. Un peu frustrant quand on parle 5 langues (mais pas l’Italien). Étonnamment, le napolitain a des racines espagnoles et françaises, à en croire ce que j’ai compris d’un Napolitain qui confond l’espagnol avec l’anglais. Ce qui permet quand même d’échanger un peu de gloubiboulga babelesque. Bon : on ne parle pas de métempsycose non plus, hein.
Je commande un taxi avec Carine avec qui nous avons décidé de dissider. Du coup Gennaro, le night manager de la veille, devient notre taxi du matin. Je n’ose pas lui demander s’il a quand même un peu dormi. Ni le prix qu’il va nous charger.
Il veut nous faire écouter Nino d’Angelo. Moi je comprends qu’il me dit « Pino D’Angiò », ma seule référence en chanson pop italienne. Titre que je lui programme sur son Spotify. Il ne connaît pas et il trouve ça stupide et ridicule comme paroles. J’ai l’air malin, tiens...
« Dis, Gennaro, ton Hôtel Ninfa, avec les lumières de boxon dans les chambres, ce serait pas un hôtel... pour les filles ? » Il m’assure que non. Et puis admet que c’est « un hôtel polyvalent ; pour les familles, pour les filles, et tout ça, quoi... » Puis il me regarde droit dans les yeux et me demande si « la signora comprend l’espagnol » avant de continuer la conversation… Évidemment, mauvais esprit, je traduis tout immédiatement à Carine, en demandant à Gennaro si je peux réserver sa salle des fêtes pour mon prochain gang bang.
Pour clôturer ce sujet salace, j’apprends l’existence d’une phrase codée dans les hôtels en France : « Monsieur voudrait-il un deuxième oreiller ? » La version italienne parle d’une deuxième couverture.
Partout, on trouve des souvenirs de forme pénienne rouge. Vérification faite, ce ne sont pas des sexes enflammés mais des piments. La coutume veut que cela porte chance d’offrir un piment à quelqu’un.
(attention, il y a de nouveau 4 images en boucle ci-dessous)
Un attroupement dans une petite rue. Il n’y a strictement rien à voir. En regardant mieux, il y a une entrée de pizzeria totalement riquiqui et pas du tout impressionnante. Visiblement l’une des meilleures de la ville, même si la plupart des pizzerias prétendent sans doute la même chose. La pizza, c’est vraiment la spécialité de Naples. La pizza frite (bouarggghhh) est une délicatesse locale. Ça demande une préparation extrêmement complexe : balancer de la pâte dans de la friture. Un peu la version méridionale du beignet.
Pendant que tout le groupe est occupé au musée archéologique à se pâmer devant des vieilles assiettes avec des types qui s’enculent, moi je fais mon shopping. Oh, un limoncello en forme de bite. Naples est vraiment une cité phallique.
A quoi reconnaît-on un Napolitain d’un touriste ? C’est simple : le local lève les yeux au ciel parce qu’il trouve qu’il y a trop de touristes. Tandis que ce dernier garde le regard rivé au sol pour slalomer entre les étrons canins.
On va s’arrêter ici, mais on reviendra très rapidement avec la face B de ce beau voyage scolaire. N’hésitez pas à nous faire part de vos réactions, commentaires et autres insultes (par exemple si vous êtes le patron du Ninfa Hotel).