Des nouvelles de Valencia
J’ai donc entamé ma grande aventure. J’ai mis mon loft en location, et me voilà SDF et nomade. Par pur choix, pour vivre des aventures. Pendant quelques années, j’irai donc où le vent me portera et je me ferai un plaisir de troller votre boîte de réception avec mes idioties de voyage. Première destination : Valencia en Espagne.
A l’aéroport, en attendant l’avion, j’avise un robinet TOUCHLESS pour me laver les mains. Proutch, du savon liquide plein les mains. Et puis... et puis rien, en fait, puisque le robinet est tellement touchless qu’il n’est pas encore raccordé à l’eau. La fonction SOAPFULL, le savon plein les mains, par contre, ça a super bien fonctionné !
Dans l’avion, je suis assis à côté d’une Brésilienne et je peux donc, chic, mener ma toute première conversation en portugais. Avec ma chance, je tombe sur une fan hardcore de Bolsonaro. Sauf que je suis évidemment bien trop nul dans sa langue pour pouvoir argumenter avec elle, et donc j’ai subi l’entièreté du programme présidentiel, en acquiesçant bêtement à tout ce qu’elle racontait.
Hop, une carte de tram achetée au bureau de tabac et me voilà autonome dans la 3e ville espagnole (2,5 millions d’habitants quand même). Je monte dans le tram et je cherche l’appareil pour valider. Ah non ici on valide AVANT de montrer dans le tram. Ok, je redescends à l’arrêt suivant et j’essaie de comprendre comment ça marche. Avant que j’aie trouvé comment ça marche, le tram est reparti bien entendu. Bon.
Mais c’est pas tout : à Bruxelles, quand on est en correspondance entre deux trams ou bus, on valide chaque fois son titre de transport. Et la machine, qui est trrrrès intelligente, sait que vous êtes en transit. Ici pas. Et donc, j’ai niqué toute une carte de tram en quelques heures, en semant tous mes crédits au gré des correspondances et autres erreurs (ah non, tiens, c’était dans l’autre sens, allez hop, je rererecomposte).
J’ai réservé au restaurant. Pour aller manger de la viande. Jamais je n’aurais cru qu’une expérience aussi banale revêtirait une telle importance et déclencherait presque une émotion, depuis le temps. Mais je me suis retenu de pleurer en avalant une demi-vache espagnole (qui, d’ailleurs, parlait à moitié mal anglais).
On avait réservé à 15h. Horaire inhabituel, certes. Mais comme tous les restos doivent fermer à 18h, c’est ce qui ressemble le plus à un dîner en ville...
Chez le glacier, ils proposent un goût GALLETA DE LOTUS. Tu peux pas dire SPECULOOS comme tout le monde, hermano ?
Dans l’histoire récente de Valencia, il y a cette tentative de coup d’état destiné à réinstaller un pouvoir militaire. J’avais zappé ce relent tardif du franquisme. C’était en 1981 et il y a quand même eu des chars dans la rue. Bon, ça n’a duré que quelques heures. Nom de code de cette opération : 23-F (car survenue le 23 février).
Visiblement les concepteurs des églises ne savaient pas épeler le mot "épure". Et donc ils en ont remis des tonnes de couches, pour être sûrs que la communication divine passe très clairement. Quelque part entre un gâteau de mariage mexicain et le fan club du facteur Cheval.
La ville est un champ de mines calorique : il y a une pâtisserie tous les trois mètres. Et, évidemment, chaque fois que je goûte un truc, c'est excellent ! Pour l'instant la palme de la calorie est remportée par une crèpe de massepain cuit, nappée de trois kilos d'amandes.
J’ai investi dans un tapis de douche, car cette dernière est super glissante et ce serait dommage de me péter le col du fémur aussi tôt dans mon périple.
J’imagine la séance de brainstorming chez le fabricant de baquet de douche :
« Hé, chef, si on prend ce type de revêtement, mpfffrrrrr c’est ENCORE plus glissant ! »
(et là, tout le monde part à rire et tout le monde a bon en pensant à TT qui crève de mal aux urgences avec un bout de fémur qui lui ressort des narines).
Ouf, la ville n'a pas encore été veganisée. À peine un malheureux petit snack de rien du tout croisé pendant mon tour de reconnaissance ! Tiens, à propos, si je reprenais de cet excellent salami de panda ? (Dédié à Tronchet, il comprendra).
A propos de manger, il faut donc réserver partout, les restos sont pris d’assaut. Peu de tables, seulement en terrasse. J’ai passé quelques heures à errer comme un morveux un dimanche. « ¿Tiene reservación ? Ah bin desolado hein ! »
Dans une église, un confesseur me scrute fixement. Viendra, viendra pas, se demande-t-il. Bon sang, il sait visiblement pour le salami de panda ! Tiens, le prêtre retire son masque pour les lectures.
Se lever et se coucher avec un ciel tout bleu TOUS LES JOURS, ça donne à la fois la patate, des ailes et de la légèreté. TOUS LES JOURS !
Je vais passer un long moment à la Cathédrale de Valence, spectaculaire, avec un musée et énormément de... tiens, une femme enceinte... énormément de joyaux artist... tiens, la même femme enceinte qu’il y a deux minutes... bon, où j’en étais moi ? RAAAAAH MAIS C’EST PAS VRAI elle repasse pour la 3e fois, au pas de course, toujours dans le même sens...
Explication : Notre-Dame du Bon Accouchement est très populaire ici. Pour bénéficier d’un accouchement garanti zéro souci, il suffit, dit la légende, de venir faire neuf fois le tour de la cathédrale. Et elles sont effectivement plusieurs futures mamans à effectuer leur chemin de croix au pas de course. Même qu’elles entrent gratos si elles viennent pour cela. Sinon c’est payant. Moralité : venez faire vos enfants à Valence. Tout se passera bien. Et vous épargnerez 5 euros.
Assis dans un parc en attendant F. pour aller visiter un musée. Dans mon champ de vision : quatre groupes d’ados qui répètent des danses Tiktok en se filmant. #IndividualitéJécrisTonNom #OuBienAlorsMoiAussiJessaie
A l’entrée d’un musée : « Pour le tarif, vous êtes retraité ? ».
C’est gentil, merci.
Excursion d’un week-end à Javea chez Dominique et Eric. On se balade et tous les paysages sont super verts. Eric explique : « tous les pins que tu vois, ils n’existaient pas avant 1964. C’est Franco qui a trouvé que des collines vertes, ça attirerait plus de touristes, et il a ordonné à l’armée de venir ensemencer les collines avec des hélicoptères qui sont venus balancer des semences de pins à la tonne ici. »
Conversation avec Pierre.
— Et en fait, qu’est-ce que tu fous de tes journées ?
— Attends… Est-ce que tu me poserais la question si j’étais encore à la maison à Bruxelles ?
— Bin non.
— Bon eh bien voilà. Tu as ta réponse.
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