DES NOUVELLES D'EDIMBOURG
Je suis venu vérifier un adage apparemment local : le week-end, en Angleterre, on va au pub pour socialiser. En Ecosse, c’est pour se battre. Ahem.
Un type en kilt qui joue Wish you were here (Pink Floyd) a la cornemuse. Normal.
J’achète un pantalon écossais, histoire de tenter de me fondre dans la masse. Commentaire d’une copine mexicaine : “désolée mais normalement on met ça pour DORMIR, pas pour sortir.”
Amis Potterheads, J K Rowling vit ici — elle vous embrasse, d’ailleurs — et les guides ont assez bien compris qu’ils pourraient faire leur beurre là-dessus. Enfoncés, les tours guidés sur les endroits où Marie Stuart a pris le bus, sur les pizzérias préférées d’Oliver Cromwell : il y a des dizaines de HARRRRRY POTTTTTER TOURRRRRRR disponibles ici. C’est ici que Jiké a vraisemblablement écrit le premier chapitre de son premier livre, c’est là qu’elle a SANS DOUTE acheté du pain, oups, attention vous respirez très certainement le même air que Jiké. Etc. C’est très amusant mais, disons, scientifiquement assez peu étayé. A tel point que tous les guides locaux ont été dé-vas-tés quand JKR a récemment expliqué dans une interview que la plupart des infos des guides en question étaient… complètement fausses.
Patatras.
Pas grave. Les Ecossais et la logique faisant deux, les guides ont donc mis au point des arguments pour « contrer » les vérités de JKR. En clair ils savent mieux qu’elle. Ouiiiii mais « inconsciemment » elle s’est inspirée de tel chateau pour faire Poudlard, et elle n’a JAMAIS dit qu’elle n’avait PAS pris telle rue comme modèle pour le chemin de Traverse. Et donc, comme elle n’a jamais dit que ce n’était pas vrai, eh bien il est très possible que cela soit vrai, non ? C’est hilarant de mauvaise foi. En fait, je pourrais faire le même tour en reliant les Rolling Stones à Édimbourg. Vous voyez ces pierres ? Hm hm… comme par hasard. Des pierres… est-ce qu’elles ne rouleraient pas un peu ? Ah bin vous voyez !
Allez, encore une. A l’hôtel Balmoral, pour 2 000 livres, vous pouvez passer la nuit dans la suite qu’a occupée JK Rowling pour écrire le 7e et dernier tome de Harry Potter. Pour un petit supplément, vous pouvez même dormir dans les mêmes draps qu’elle. Sauf que, petit hic, elle n’y a jamais dormi, en fait : elle rentrait chez elle tous les soirs. Désolé, hein.
L’écossais on dirait parfois du norvégien tellement on comprend rien.
Une serveuse, à qui on demande d’expliquer ce qu’est exactement le black pudding (le boudin noir) : « Well, it’s easier to taste than to describe. »
Et maintenant, un petit moment pour les fans de whisky (ceux qui détestent ça peuvent lire aussi, ça devrait les conforter dans leur idée).
Avec Anne, Richard et Lola, nous avons commandé une dégustation de whisky dans un restaurant. Eh bien les gars, sachez que c’est toujours aussi infâme qu’avant. La palme revenant au whisky tourbé imprononçable (Laphroaig*) : ça, c’est carrément du débouche-wc.
*A tes souhaits, Roger !
Whisky encore : on a visité la distillerie de Glenturret. Leur plus vieux tonneau date de 1961. Personne ne l’a goûté car il appartient à un propriétaire privé, qui ne s’est jamais manifesté. Ils ne savent pas s’il est encore vivant. Ils s’amusent donc à penser que c’est peut-être Jimi Hendrix le propriétaire. J’adore.
Et à propos de Glenturret, j’aimerais ici qu’on pense aux cavistes et autres responsables de rayon alcool qui on demande « C’est pour offrir. J’ai oublié le nom exact de son whisky préféré, mais je sais que ça commence par Glen…» Grand moment de solitude, car pas loin d’une trentaine de distilleries répondent à ce critère en Écosse : Glenfarclas, Glenfiddich, Glen Garioch, Glengoyne, Glen Grant, Glen Keith, Glenlivet… Glen, en gaélique, désigne une vallée étroite et encaissée. A ne pas confondre avec strath, qui s’applique aux vallées larges et peu profondes (Strathisla, Strathmill, Strathclyde, Strathearn…). Maintenant, vous savez presque tout.
A Edimbourg, une boutique sur deux est un barbier. Dans tous les quartiers. L’Ecossais est poilu. Ou alors c’est ici qu’on a inventé les hípsters.
Vu un magasin … pour francs-maçons ! C’est un peu un non sens, vous ne trouvez pas ? Les francs-maçons sont censés se planquer (ils trouvent d’ailleurs très rigolos de faire des cachotteries et de jouer à James Bond). Par contre, ils vont dans un magasin, une espèce de sex-shop pour libres penseurs…
Ici, les bus sont supermodernes, il y a des chargeurs usb entre chaque siège.
Un dimanche. 21.30. Toutes les cuisines ferment. Je me suis fait jeter 5 fois en 5 minutes. 😅 Je tente le tout pour le tout dans un Italien qui, comme les autres, refuse de me servir. « Je vous propose un marché : je mange ce qui vous reste dans votre cuisine. Il vous reste forcément quelque chose, et vous devrez sans doute le jeter demain. Je suis d’avance d’accord. » Le type m’a un peu regardé de travers… puis m’a servi le meilleur spaghetti vongole de ma vie, je crois que j’ai eu double dose de mollusques du coup !
Ceci est assez rigolo. On est dans un café et on avise ce panneau écrit en vénusien.
Curieux, je demande à trois jeunes locaux en train d’écluser des bières ce que ça veut dire. Ils ne savent pas mais l’un d’entre eux regarde sur Google, devient tout rouge, et me dit : « euuuuuh… Would you give me a kiss ? ». Et donc évidemment je l’ai embrassé !
Laury Anne B., fille de Eric B. (mais pas de Agnès B.), vit ici depuis dix ans. Elle fait partie d’un pipe band. Un band de cornemuses. Ces gens (qui n’ont vraiment rien à faire dans leur vie) se retrouvent le week-end pour des BATTLEs d’orchestres de cornemuse. Comme des concours de caniches mais avec des mecs en jupe. Il y a des compétitions dans le monde entier. Ainsi que des tas de cover bands qui utilisent la cornemuse. Mon nom de groupe préféré : les Red hot chili pipers 😂 !
Allez, haud yer wheesht, je pars maintenant à Glasgow où j’irai faire mon bawbag !