Des nouvelles de Mexico #3
Ici votre sombre héros (© Jacques F.) en direct de Mexico et Oaxaca où je suis allé découvrir EL DIA DE MUERTOS. J’ai bien évidemment continué à expérimenter la gastronomie locale pour vous éviter d’avoir des crampes à l’estomac. Merci quiiiiii ?
Dans le taxi, à la fin de la course, je tends mes billets au chauffeur. Qui les asperge pour les désinfecter.
A votre avis, dans quelle avenue se situe l’Ambassade de France à Mexico ? Si je vous dis Campos Elíseos, vous vous dites que je raconte encore n’importe quoi, évidemment…
Ça a failli être mieux encore : les autorités locales voulaient installer une place Charles-de-Gaulle en face de l’ambassade, jusqu’à ce que les officiels se disent que ça commençait à faire un peu too much (comme on dit en France). C’est devenu un parking, ouf.
Elodie est ici depuis longtemps et donc elle connaît les piments : « Il m’a fallu du temps pour comprendre que, selon le type de piment que j’avalais, ça ne piquait pas au même endroit dans la bouche et pas avec la même intensité. »
En discutant du sujet avec Anne, elle rajoute, perfide : « il n’y a d’ailleurs pas que la bouche qui est sensible au piment ! ». Pour découvrir quelle autre partie du corps est tout aussi réactive à la capsaïcine, il faudra regarder ici. Roooh, dis donc, il en savent des trucs, au Monde selon Thierry.
Bon, et donc où ils sont ces fameux pois sauteurs du Mexique qui ont fait la fortune de PIF GADGET ?
Alors le look des jeunes touristes est intéressant. Autant, en Inde, ils avaient vite un bindi sur le front, des dreads, marchaient pieds nus avec un air inspiré, ici ils ont vite un poncho sur les épaules. Bon, je peux juste bien la fermer, moi et ma vraie-fausse moustache.
Totalement délicieux : Rocio, ma voisine de palier, prend deux fois par semaine des cours de chant lyrique par Skype avec un prof qui est à Vienne.
Le syndrome du-resto-japonais-tenu-que-par-des-Chinois fait des émules. Voici le-resto-argentin-tenu-que-par-des-Mexicains. Moi, j’arrive et je fais des allusions argentines, je disserte sur les manières de cuire la viande à Buenos Aires, etc. Bide total et grand moment de solitude, pas un seul Argentin ne travaillant dans ce resto.
Allez hop, direction Oaxaca , 500 km au Sud-Ouest de Mexico, pour EL DIA DE MUERTOS !
Dès mon arrivée, j’ai rasé ma moustache. J’avais peur des restes chaque fois que je me mouchais. Et puis, à mon grand étonnement, personne ne m’a jamais confondu avec Emiliano Zapata.
Dans la série « ces mots qu’on utilise sans savoir ce qu’ils signifient vraiment », j’ai appris ici ce qu’est le zénith. Le zénith, c’est lorsque le soleil est pile au-dessus de vous et ne produit pas d’ombre. Ce phénomène ne se produit jamais en Europe mais a lieu deux fois par an pour la zone située entre les deux tropiques. En 2020, les deux dates (pour Oaxaca, ça change selon le lieu) étaient le 7 mai et le 4 août. Soit 89 jours. Soit quasi exactement le temps de maturation du maïs, l’aliment national. J’ai pas tout compris mais c’est expliqué ici. Donc, Joselito, si tu cultives ton maïs à un autre moment qu’entre les deux zéniths, eh bien ça pousse pas bien, ça pourrit, ça devient du maïs transgénique ou des crottes de lapin, je sais plus très bien. Etonnant, non ?
A Oaxaca, le concept des arrêts de bus est assez flottant, tant pour la montée que pour la descente. Genre tu fais signe pour monter, tu fais signe pour descendre. Où tu veux. Facile.
Dans un food court gastronomique, je mange une tlayuda, spécialité locale (une tortilla croquante avec de la viande, des avocats, du fromage, de la purée de haricots). C’est délicieux. Et je papote évidemment avec le chef…
— Je m’appelle Thierry.
— Thierry comme Thierry Henry ?
— Voilà. Et toi ?
— Rembrandt.
— Rembrandt comme…
— Comme mon père. Qui s’appelait comme ça aussi.
Suite à ma tartine de la fois dernière sur le caca, message de Max qui restera dans les anales1 : « Ce qui est formidable avec Thierry, c’est qu’on ne se demande jamais s’il va parler de ses intestins ou pas, juste combien de lignes il va pouvoir écrire sur le sujet. »
Dans le journal local, EL IMPARCIAL, il y a une section entière quotidienne dédiée aux affaires policières, POLICIACA. Avec des accidents de la route, des gars criblés de balles au volant, des pharmacies attaquées, de la drogue confisquée… Super sympa et, en plus, il y a tout le temps de la matière ici.
« A Oaxaca, n’oubliez de goûter les chapulines grillés, ces criquets qui croquent sous la dent. Vous allez voir, c’est super bon ! »
Puisque nous sommes dans une autre ville, retournons voir sur Airbnb Expériences ce qu’on propose ici à Oaxaca.
• Je vous montre Oaxaca mais en vous tirant les cartes du tarot.
• Un cours d’aquarelle (ravi, personnellement, d’avoir fait 9 500 km depuis Bruxelles pour avoir la chance de suivre un cours d’aquarelle).
• Cours de coloriage d’alebrijes (ce sont des petits sujets en papier maché). Vu la tête inspirée du type – il ne lui manque que la langue laborieusement tirée – je cours m’inscrire, ça a l’air trop bien.
Et alors, ce Dia de Muertos ?
Je n’ai pas grand-chose de rigolo à raconter là-dessus, mais je peux difficilement zapper le sujet vu la période. J’ai passé une semaine à me promener et à en prendre plein les yeux (des tas de photos sur mes comptes FB et Insta). J’ai vu des concours de façades, des concours de catrinas (ces maquillages féminins en forme de cadavre), des centaines de altares/ofrendas, des autels dédiés aux disparus (avec de la nourriture, des boissons, de l’alcool, des cigarettes ou des fleurs –le cempasuchil, ou rose d’Inde, s’utilise à la tonne ici.) C’est souvent beau, graphique et rigolo. Assez kitsch aussi. C’est excellemment résumé dans le dessin animé COCO de chez Pixar. Le clou, ce sont les familles qui vont honorer leurs morts deux nuits de suite dans les cimetières. Sauf que, cette année, la plupart des cimetières étaient fermés. Et que, de toute manière, je n’ai été convié par aucune famille.
Vu les circonstances (j’ai perdu ma maman cette année), la fête des morts avait pour moi une signification particulière. J’ai failli, moi aussi, faire una ofrenda para mi mama, pour finalement renoncer, c’est pas ma culture, j’avais un sentiment de fake. Ouf, ça dispensera donc tous mes lecteurs woke de me dénoncer à la police de l’appropriation culturelle.
J’ai adoré ce moment, tellement plus festif, coloré et joyeux que nos horribles visites au cimetière, sous la pluie. En plus, ici, tout le monde s’y met. Tout le monde.
Pour terminer, voici une photo qui a fait le tour du monde il y a quelques jours.
Elle est censée illustrer le spectacle de drones qui a eu lieu à Mexico à l’occasion du jour des morts. Vous êtes nombreux à me l’avoir envoyée : « T’as vu ? T’étais là ? » Alors non, j’étais pas là. Et en plus, c’est un montage. Très impressionnant, sauf que c’est bidon. La photo a été prise en 2014 au Japon et ce qu’on voit en arrière-plan… c’est le Fuji-Yama !
Merci de vos réactions, remarques, indignations et bons tuyaux. Je vous renvoie, comme chaque fois, aux deux réseaux sociaux où le plaisir est permanent. Abonnez-vous et ne manquez aucune des BÊTISES CRUCIALES que j’y poste.
c’est bien, vous suivez.