Des nouvelles de Mexico #4
Suite de mes aventures sans moustache au pays qui a quand même donné naissance à Pedro Infante, l’auteur de Coucouroucoucou Paloma (pardon, je voulais dire Cucurrucucú Paloma). Avouez que vous ne le saviez pas. Et que vous en foutiez royalement) !
Je voudrais commencer cette quatrième livraison en disant tout le bien que je pense des habitants de cette ville. Ils sont souriants, accueillants, c’est très facile de papoter avec eux, ils sont curieux et ouverts. Et ils sont assez drôles (quand toutefois je comprends leurs plaisanteries). Un exemple avec cette photo trouvée sur le net.
Pourquoi faire comme ailleurs ? Ici, le massepain (mazapan) est composé de… cacahuètes ! Cela dit, ça aurait pu être pire : au Guatemala, c’est de la courge et du riz et au Venezuela les feuilles d’un arbre appelé anarcadier. On l’a échappé belle.
« Qu’est-ce que tu fais à Noël ? »
J’espérais échapper à cette phrase ici.
Eh bien non.
Ici, un squatteur se dit paracaidista. Parachutiste. Quand on regarde l’étymologie, ça fait cruellement du sens. Puisqu’un parachute, c’est une protection contre… la chute !
En train de visiter la maison de Trotsky (il est tombé sous les coups de pic à glace d’un militant stalinien en 1940), je cherchais une manière spirituelle de remixer cette vieille blague « TROTSKY TUE LE SKI »1. Quand un couple est passé devant en moi en discutant et j’ai entendu distinctement « … et donc pas le choix : il faudra voter Marine ». Ça a calmé mon envie de plaisanteries.
Une copine qui vit ici : « Ce que j’adore chez les Mexicains, c’est qu’ils vivent l’instant présent, tout est à court terme. Un exemple : les plus gros embouteillages correspondent aux jours de paie : on a touché, et donc on va faire la fête ou on va au restaurant ! »
Un dicton local que je traduirai pas parce que ce sera moins bien que dans la langue originale :
Le sujet suivant est assez dingue. Après avoir observé, dans la même rue, plusieurs boutiques proposant d’horribles statues de bébés habillés en roi mage, j’ai découvert le culte typiquement mexicain de L’enfant Jésus. El Nino Dios. Oui, celui de la crèche. Sauf que, dans la crèche, il vient de naître. Alors que El Niño Dios a l’air d’avoir 2 ans, genre. Celui-ci fait l’objet d’une dévotion délirante. Des magasins entiers lui sont consacrés : El Niño Dios de toutes tailles, les vêtements et accessoires qui vont avec. Vous pouvez l’habiller comme un saint, un cultivateur ou un joueur de football, c’est vous qui voyez. Évidemment, le gros du business s’effectue entre Noël et le 2 février, jour de la chandeleur mais surtout, ici, de la présentation de Jésus au temple. « Après, ça se calme méchamment », m’explique un vendeur.
C’est par ailleurs très choquant pour les croyants de devoir intégrer qu’il n’y PAS d’enfant Jésus au paradis. Bin forcément puisque l’enfant Jésus qu’ils adulent s’est ensuite laissé pousser la barbe et la croix.
Le risque pour les vendeurs de Niño dios ? « La montée en puissance des sectes non-catholiques ! » Je vous laisse wikipedier le sujet s’il vous intéresse.
Amusant : dans le journal, 1 225 s’écrit mil 225. Et 292 471 s’écrit 292 mil 471.
En Europe (enfin, ce que j’en ai vu), les tunnels sont de longs trous sinistres, glauques et mal éclairés. Ici, on y met des pubs. Du coup, c’est totalement frais, propre et lumineux. Voici un avant-après.
Un « monsieur Pipi » (bin oui) m’apprend une manière rigolote de dire « faire pipi » : desaguar. Ce qui est totalement intraduisible et en même temps très simple. Nan, se déshydrater ça veut dire autre chose. Se désaquatiser ?
Dans un supermarché, quand j’ai payé avec ma carte, les chiffres étaient disposés comme ceci :
Boooooon, ok, rester calme et se concentrer. Et juste après, j’ai dû refaire mon code. Sauf que les chiffres cette fois ça donnait
Les chiffres AVAIENT CHANGÉ DE PLACE, bon sang !!! C’est vraiment pour voir si les clients sont déjà bourrés avant même d’acheter leur pack de Corona.
On poursuit les rues spécialisées dans le commerce d’une seule marchandise : la rue avec QUE des magasins de sacs poubelle, avec QUE des vendeurs de ballons en plastique…
J’ai beaucoup ramé pour acheter un vélo. Vu la taille moyenne locale (plutôt Schtroumpf que Averell Dalton), je me retrouvais avec les genoux par terre à tous les coups. Christine m’avait d’ailleurs suggéré d’appeler le consulat de Hollande pour voir s’ils ne revendaient pas de vieux vélos de fonction. Finalement, en combinant le cadre d’un vélo A avec un tube de selle B et une selle C, on est arrivés à bricoler quelque chose. Voilà, y a plus qu’à se faire écraser par un camion de tortillas, maintenant (c’est pas vraiment BikeCity ici).
L’histoire n’est pas finie : je n’ai eu que des ennuis avec ce vélo, dont les pièces ont l’air d’avoir été fabriquées en papier mâché. Premier jour : le changement de vitesse a rendu l’âme. Deuxième jour : les pédales en plastique étaient déjà en train de se biodégrader. J’en suis quasi venu aux noms d’oiseaux avec les vendeurs, en leur reprochant leur manque de respect envers leurs clients, eux me rétorquant que quand on prend un prix moyen, on a la qualité — moyenne — qui correspond au prix d’achat. Bref, grosse ambiance sur la calle de las biciclettas.
Sur mon compte Instagram, vous trouverez une amusante série de devinettes consacrées aux gestes que font les Mexicains pour exprimer des trucs. Comme dans le monde entier, vous me direz. Sauf que chaque pays a ses gestes propres. Et qu’ils sont totalement incompréhensibles pour un non-local.
Et l’expression « une armée mexicaine », elle vient d’où, tiens ?
En 1910, lors de la Révolution, les armées conjointes de Pancho Villa et d’Emiliano Zapata ont fait cause commune pour combattre les troupes du dictateur Porfirio Diaz. En rejoignant les deux armées, le groupe comptait d’un seul coup beaucoup trop d’officiers et trop peu de soldats. La hiérarchie a donc recruté fissa des paysans, sans aucune formation militaire, pour venir grossir les rangs des plantons. C’est donc une armée complètement désorganisée qui a gagné la révolution.
J’avais oublié de raconter cette histoire lors de mon voyage à Oaxaca. Pour forcer les gens mal garés à venir payer leur amende, la police locale a pour coutume de dévisser les plaques, qu’il faut venir récupérer au commissariat (une fois l’amende payée). Du coup, certains propriétaires font SOUDER leurs plaques.
Si toi aussi tu veux éviter que vienne te dévisser tes plaques, abonne-toi vite fait à mes deux réseaux sociaux et prolonge le plaisir. Bref, fais-toi plèze (sinon je débarque avec le tournevis dans ton garage).
Pierre me rappelle cet autre classique : « sur la porte de son bureau, Trostsky avait cloué un panneau FRAPPER FORT. »