DES NOUVELLES DE MEDELLIN (et de sa très grande banlieue, disons)
J'avais oublié la funeste existence de l'arepa, cette galette de maïs qui ressemble à une punition. Je crois que le ciment, c'est plus facile à digérer.
Dans le centre, on se balade au marché aux puces et ça craint quand même un chouïa. Et voilà qu’un type nous intime l’ordre de quitter le quartier et de revenir « là où il y a des policiers ». Chemin faisant, je commence à parler… néerlandais avec ce faux flic en civil. Qui m’explique avoir été adopté par une famille hollandaise et avoir usé ses fonds de culotte entre Amsterdam, Utrecht et Rotterdam. #DeWereldIsMijnDorp
On est retournés avec Didier à la Comuna 13 (dont j’ai abondamment parlé il y a deux ans, voir à la fin de ce magnifique texte). “Un invraisemblable fouillis urbanistique dont, selon mon compère, le Master Plan n’a visiblement pas été imaginé par KPMG. La Comuna 13, C’est le « patelin » vitrine (180.000 habitants, quand même) : escalators de rue, téléférique, arts de la rue. Ex-quartier le plus dangereux de la ville, il est devenu le « Mont-Saint-Michel de Colombie », archi-encombré de touristes. »
Amis apprentis hispanophones, bienvenue au club des faux-amis.
Tienda naturista ≠ magasin naturiste mais de produits naturels/bio.
Nature ≠ Natureza mais Naturaleza (Natureza, c ‘est une marque de beurre).
Et maintenant, un petit chapitre RELIGION ET TAXI (les deux n’allant pas forcément ensemble sauf quand tu as très très peur à bord du taxi).
Didier a déniché pour nous ce petit détail belge. Cette église près de la plaza Botero n’en est pas une ! C’est le palais de la « Gobernación de Antioquia ». Croustillant, il fut descendu en flammes ! « Trop prude ». « Ne correspondant pas à l’idéologie de notre peuple ». C’est l’œuvre de Agustin Goovaerts, architecte bruxellois. Personne ne s’en souvient ici… et c’est bien ainsi. Chuuuuut !
Ici, de manière générale, ça rigole pas avec la foi. Contrairement à d’autres pays latinos où les évangéliques ont pris le pouvoir, ici l’Eglise catholique est encore aux affaires. Et elle ne rechigne pas devant la tâche : pendant mon séjour à Medellin, j’ai vu
une messe itinérante dans ma rue
une messe « pop up » dans un terminal de bus
A Filandia, on assiste à la messe du samedi saint. Une dame nous explique qu’il y a un voile qui cache l’autel « car il est mort hier ». Dans l’église, des types en cagoule du KKK montent la garde. C’est creepy comme tout. Bon, une bonne nouvelle quand même : il renaîtra demain.
Notre chauffeur de taxi : La Belgique, c’’est en Espagne ?
Nous : non, en fait, c’est un pays indépendant.
Lui : oui mais c’est dans quel coin de l’Espagne ?
Hernan est AUSSI chauffeur de taxi. Il roule dans une Renault datant de 1981 dont le compteur doit avoir fait plusieurs tours d’horloge. Il n’a d’ailleurs aucune idée de son kilométrage. Par contre, moi j’enchaîne les signes de croix, on sait jamais.
Transports publics toujours : ici, dans la zona cafetera (un triangle entre Medellin, Bogota et Cali), la Jeep Willys fait partie du patrimoine colombien. Elles sont arrivées après la guerre, les USA ne savaient plus quoi en faire et des experts en Jeep Willys (des Willysticiens ?) sont venus, dès la fin du conflit, montrer aux paysans colombiens combien leurs véhicules remplaçaient avantageusement les mules pour certains travaux agricoles. On les surnomme d’ailleurs ici les « mulas mecanicas ». Et comme c’est du solide, certaines d’entre elles ont une cinquantaine d’années facile.
Dans les champs de café, les ouvriers parlent fort. Pour faire fuir les pumas et les serpents.
Le chiffre inutile de la semaine : il faut 27 grains de café » pour une tasse de café. La prochaine fois, vous comptez, ok ?
Gérard m’avertit : “Dans la zona cafetera, j’ai été assez malade en 1994 après avoir mangé une truite. Donc prudence, ne mange pas de truite de 1994 !
J’ai tenté d’arpenter El Valle del Cocora pendant au moins 20 minutes puis j’ai rebroussé chemin, même si c’est d’une beauté à couper le souffle (et d’ailleurs...) A l’heure qu’il est, les vautours doivent toujours être en train de se délecter du cadavre de mon compagnon de voyage avec sa veste rouge. Qui, lui, a continué malgré mes supplications.
Avant de quitter Salento, on découvre l’existence du tejo, une sorte de pétanque primitive (la vraie pétanque n’étant pas super intello, cela étant) consistant à essayer de faire exploser un pétard avec un pavé en métal de 600 grammes. Le slogan de l’endroit : POUDRE À CANON ET BIÈRE. Un peu l’impression d’être dans le Midwest…
Prise de rendez-vous…
Moi : on se voit à 15h (nos vemos a las 15).
L’autre : Euh qu’est-ce que tu veux dire ?
Moi : eh bien… à trois heures de l’aprèm (a las 3 de la tarde).
L’autre : ah ok bin fallait le dire tout de suite…
A Pereira toujours, une première pour moi : la carte de métro consignée. Tu n’en as plus besoin, tu la ramènes et on te la rembourse. « Aaaah, m’esbaudissai-je, c’est cool pour ceux qui n’ont pas beaucoup d’argent ! » Sauf que la caissière m’a expliqué que c’était juste pour les touristes…
Alors, je vous jure que je ne l’ai pas fait exprès mais je suis allé visiter le musée dédié aux victimes de la violence le 9 avril, jour national des victimes. Il peut s’agir d’assassinats, de violences politiques, (para)militaires ou policières, de victimes des narcos, de violences sexuelles ou liées aux nations indigènes… Dans le musée avait d’ailleurs lieu une manifestation assez touchante destinée à proposer aux victimes (et apparentées) des formations, des emplois, du coaching… Une sorte de discrimination positive qui, je l’avoue, fait plutôt du bien dans un pays qui l’a quand même bien senti passer, hein… Le gouvernement estime que plus de 9 millions de Colombiens (soit 18% de la population) ont été victimes de la violence sous quelque forme que ce soit.
Le pire en voyage au bout du monde : la malédiction de la riquette ! Se balader pendant des heures en chantonnant Voyage Voyage ou Angelina du Grand Jojo. Oh Mama, en Italie ça va comme ça, et en avant la musica. Impossible de me retirer ça de la tête.
Ustedes hablan inglés ?
OUI !
Voilà donc. J’avais déjà pas mal écrit sur Medellin il y a deux ans. Je ne vais pas m’autociter ni vous infliger mes propres redites mais si ça a donné envie à certains de s’y replonger, revoici en deux parties : une et deux.
Merci de votre lecture. Next : Chicagooooooo !
En repassant toutefois par Panama quelques jours. Raison principale : récupérer des médicaments. Je prends de la cortisone pour un problème d’articulations. Et, Dieu sait pourquoi, je n’avais pas extrêmement envie de ressortir de Colombie… avec plein de poudre blanche !
Merci, à chaque fois que je reçois un de tes posts j'ai l'impression d'ouvrir la fenêtre ! À bientôt